Dans un marché quasi déserté, la tendance d’illiquidité des valeurs boursières devient de plus en plus chronique. Depuis plusieurs séances et bien avant l’avènement du mois de Ramadan, le volume global dépasse rarement les 3 Millions de DT ce qui est un niveau extrêmement bas en comparaison avec les niveaux de l’année dernière.
Désaffection spécifique au marche boursier ou simple contexte de faible liquidité sur le marché des capitaux ? L’aversion au risque était palpable depuis quelques années avec la grande dégradation des indicateurs macro économiques du pays mesurable aisément par les très faibles taux de croissance économique. L’autre ennemi du marché financier est le niveau particulièrement élevé atteint par le taux d’inflation et son corollaire la hausse des taux d’intérêt. Cette dernière rend les placements en actions particulièrement risquée du fait de son impact systématique sur les valorisations des sociétés cotées et de l’arbitrage naturel qu’il engendre pour les placements monétaires. Les sociétés lourdement endettées subissent également le contre coup de la hausse substantielle de leurs charges financières.
Dans ce contexte très particulier, les banques sont souvent gagnantes de cette configuration des taux et des besoins de plus en plus importants des opérateurs économiques pour du financement. Sauf quelques exceptions, les résultats des banques se sont inscrits en nette hausse depuis 3 ans et ont même atteint des niveaux record. Néanmoins, en dépit d’une belle hausse de l’indice bancaire depuis début 2017, il n’empêche que la tendance s’est inversée depuis Septembre 2018 et aboutissant à la fin à une grande désaffection depuis pour les valeurs bancaires. Avec l’augmentation substantielle des bilans des banques et l’évolution des règles prudentielles, le marché s’attend à une vaste mouvement de recapitalisation des banques au cours des 2 prochaines années. Cela a déjà commencé avec la BNA qui a entamé une grande opération d’augmentation de K. Les anticipations de grands besoins de fonds pour renforcer les capitaux propres des banques a complètement détourné l’intérêt des investisseurs des valeurs bancaires. Le grand paradoxe c’est que même si les fondamentaux des banques n’ont jamais été aussi solides, les valorisations n’ont jamais été historiquement aussi basses. Il faut comprendre que le désintérêt qui perdure des gros investisseurs pour les valeurs bancaires explique en grande partie le glissement continu de leurs cours.
En définitive les banques ont beau avoir réalisé des bénéfices record, le marché maintient un scepticisme forcené. Certains analystes ont été par ailleurs surpris par les déclarations du gouverneur sur les difficultés à court terme des banques à faire face à leurs besoins de liquidité ce qui a été interprété comme un signal de dégradation probable de leurs marges d’intérêt et donc probablement de leurs bénéfices également. Mais d’autres secteurs pâtissent aussi de la conjoncture générale comme les sociétés exportatrices qui en dépit de chiffres record ne trouvent pas assez de demande pour maintenir leurs cours à cause vraisemblablement de la stabilisation actuelle du DT qui ne laisse pas présager d’importants gains de change pour 2019. Dans le contexte actuel d’incertitudes économiques et politiques et surtout de taux d’intérêt élevés, la bourse fait grise mine car la prudence est encore de mise mais il est évident que le décrochage des cours offre des opportunités d’entrer sur le marché dans de bonnes conditions et de parier sur un apaisement au moins de l’incertitude politique d’ici les élections d’Octobre prochain. C’est évidemment dans des périodes comme celle-ci que l’on fait souvent les meilleures affaires surtout lorsqu’on investit à long terme.
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