Le siège de l'IACE, a accueilli le jeudi 30 janvier 2020, un déjeune-débat, consacré à la situation en Libye et ses implications pour la Tunisie, à l'initiative d'Alumni IHEC Carthage, au moment où les interventions internationale se succèdent pour trouver une issue au conflit. Les intervenants ont abordé la question chacun depuis son positionnement et tous s'accordent toutefois que la présence tunisienne n'est pas à la hauteur des liens entre les deux pays ainsi que des opportunités qu'offre le marché libyen tous secteurs confondus.
Intervenu en premier, le gouverneur de la BCT, Marouane El Abassi a surtout souligné la perception trop péjorative et surtout erronée de la situation en Libye. Contrairement aux idées reçues, l’économie libyenne tourne tant bien que mal, a-t-il expliqué, les exportations de pétrole ont repris et le pays produit plus de 300 000 barils par jour, alors que la production tunisienne a fortement chuté depuis 2011, en l'absence de conflit armé.
Les réserves de devises en Libye ont atteint près de 100 milliards de dinars, a rappelé El Abassi, et les deux banques centrales arrivent à coopérer malgré les tensions. Fort de sa connaissance du dossier après les années passées à la banque mondiale, El Abassi a déploré un certain manque d'intérêt des autorités tunisiennes, citant quelques mésaventures de certaines personnalités libyennes de haut rang pendant leur passage en Tunisie, alors que la diplomatie économique d'autres pays tourne à plein régime. Le gouverneur a rappelé que la véritable construction de l'UMA commencera par le rapprochement des zones frontalières, et particulièrement celles entre la Tunisie et la Libye, habituées depuis des décennies aux échanges en tous genres. Il a ainsi appelé à libérer les relations économiques entre les deux pays de certains obstacles, tels que les subventionnements croisés, et à permettre aux investisseurs des deux pays d’opérer en tant qu’investisseurs locaux sur les deux territoires.
De son côté, Ghazi Moalla, Expert en Affaires Libyennes, a voulu apporter quelques éclaircissements sur la nature du conflit en Libye, alors que l'opinion publique tunisienne tend à transposer les confrontations idéologiques en Tunisie pour décrire la situation dans le pays voisin. Moalla a précisé que les deux parties en conflit en Libye se disputent surtout les richesses du pays, notamment les revenus pétroliers. Il a souligné l'absence flagrante de la diplomatie tunisienne, citant à l'opposé les efforts grandissants de la Turquie qui a pu arracher les principaux marchés dans le pays.
A son tour, l’homme d’affaires du secteur des BTP Hamadi Abid a apporté son témoignage, en tant qu'opérateur très présent en Libye, avant et après 2011. Hamadi Abid a rappelé que les projets signés en Libye ont atteint 3 milliards de dinars, dont seuls 30% ont été réalisés. Le déclenchement du conflit a coûté très cher aux entreprises tunisiennes présentes sur place, ne serait ce que pour la valeur des équipements abandonnés. L'homme d'affaires a appelé à plus d'implication de la part des autorités tunisiennes pour encourager un retour en bonne et due forme des investissements tunisiens tant à l'est qu'à l'ouest de la Libye.
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