Comme chaque mois, l'intermédiaire en Bourse MAC S.A publie son billet économique de février 2018, préparé par le Professeur à l’Ecole Supérieure des Sciences Economiques et Commerciales de Tunis, Ghazi Boulila, et consacré à la corruption, sa décentralisation et les moyens d'y faire face. Rappelons que Ghazi Boulila est également Administrateur à la Société Tunisienne de Banque (STB), Directeur de l’Unité de recherche: Développement Financier et Innovation (DEFI) et Président de l’Association pour la Réflexion sur le Développement Economique et Social» (ARDES).
L’auteur rappelle que l’actuel projet de décentralisation vise à améliorer la qualité des services publics à travers un transfert des compétences et de fonds correspondants vers les collectivités locales. Cependant, la faiblesse du contrôle, l’apparition des groupes d’intérêt, l’impuissance des institutions de l’État, la non-application des textes de lois, les pratiques traditionnelles des interventions et l’accroissement des prélèvements fiscaux et sociaux futurs risquent d’augmenter les tentations des détournements des fonds et de la corruption. L’expérience des pays développés et en développement montre que la décentralisation pourrait constituer une menace à l’unité nationale lorsqu’il y a une montée de la corruption au niveau local associée à la crise économique, l’instabilité politique, l’opportunisme des responsables politiques et aux disparités régionales.
Dans ce contexte, les autorités devront d’une part instaurer une réglementation sévère pour assurer l’égalité devant la loi et limiter les abus de pouvoir et de corruption, tant au niveau national qu’au niveau local et d’autre part développer la prévention de la corruption dans l’objectif d’empêcher sa propagation dans l’administration locale en établissant un ensemble de mesures pour préserver les futurs élus et les fonctionnaires des éventuelles tentations. Les formes de la corruption sont diverses. On recense i) le pot-de-vin, l’avantage proposé ou reçu qui peut être un présent, un prêt, des honoraires et autres ; ii) la falsification, le vol ou l’escroquerie, iii) le détournement des fonds et le gaspillage des ressources publiques et le favoritisme.
La décentralisation qui implique plusieurs centres de pouvoir crée une asymétrie d’information et un environnement propice aux comportements de recherche de rente et de corruption. Plusieurs économistes ont montré que la proximité des élus avec la population favorise les relations personnelles ce qui crée un climat propice à la corruption. Transparency International classe la Tunisie à la 75ème place (sur 176 pays) en 2016 selon son Indice de Perception de la Corruption (IPC) affectant l’administration publique avec une perte de 16 places par rapport à l’année 2010. Le Maroc et l’Egypte n’ont pas fait mieux contre ce fléau. La Grèce et le Portugal ont enregistré une amélioration de leurs scores et de leurs rangs, alors que l’Espagne a perdu 11 places.
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