Karim Ghenim, Président de l'Association Tunisienne des Investisseurs en Capital (ATIC) et PDG de BIAT Capital Risque, s'est exprimé ce matin au micro d'Express Fm, à l’occasion du démarrage hier des consultations par la commission des finances relevant de l'ARP et relative au nouveau code des investissements, contenant tout un volet consacré aux incitations fiscales, sur lesquelles l‘ATIC, qui comptes parmi ses membres des SICAR et des FCPR ( fonds d’amorçage et autres fonds de fonds...),a souhaité émettre certaines recommandations
Interrogé tout d'abord sur la situation du secteur, Ghenim est revenu sur le métier d'investisseur en capital qui a mobilisé en 2015 une enveloppe de 207 MD contre 227 MD en 2014 et 260 MD en 2013, au total près de 800 MD investis depuis 2012 dans des participations à hauteur de 60 à 70% des fonds propres qui représentent 40% de la valeur des projets, le secteur aura ainsi permis de contribuer au financement de projets d'une valeur globale de 3 milliards de dinars sur les quatre dernières années.
Parmi les recommandations de l'ATIC, Karim Ghenim cite la nécessité de prendre en compte le cadre off-shore dans la législation, qui donnerait la possibilité aux investisseurs institutionnels tels que les fonds de pensions et de private equity internationaux de domicilier leurs fonds en Tunisie, à l'image de ce qui se fait par exemple à l'ile Maurice qui devient de plus en plus comme la porte de l'investissement en Afrique voire même dans d’autre partie du monde comme l’Inde, le pays a réussi à s’imposer comme passage important de fonds grâce par exemple à des conventions de non double impositions signée avec plus de 43 pays et autres dispositions, sans pour autant devenir un paradis fiscal. Ce genre de disposition existe aussi en Tunisie mais n’est pas accompagné par une vraie vision pour rendre le pays attractif en la matière, comme en témoigne la complexité des lois. La Tunisie doit pouvoir concurrencer les centres financiers comme le Luxembourg ou l’ile Maurice d’autant plus que son emplacement stratégique constitue un atout important, il faudrait pour cela une vision audacieuse, mettre en place une fiscalité avantageuse et fixer des objectifs clairs.
Pour Karim Ghenim, la simplification des lois en matière d‘investissement devient une nécessité, ne serait ce que pour réduire les marges d’interprétations et faciliter le parcours de l’entrepreneur. Parmi les constatations de l’ATIC, la volonté des autorités, à travers les nouvelles incitations fiscales prévues au niveau du capital risque, de se concentrer sur la création de projets et non sur le développement de projets existants où leur restructuration, Karim Ghenim s’étonne de voir les filtre du ministère des finances laisser passer pareilles mesure, qui constitue une démanche antiéconomique et peut conduire à des goulots d’étranglement, c’est en contradiction avec les objectifs du capital risqueur, insiste le responsable, qui craint un impact « très négatif » du texte dans sa version actuelle sur l’avenir de l’investissement.
Karim Ghenim parle également des avantages financiers, certes nombreux mais non ciblés, de nature à encourager ce qu'il appelle "les chasseurs de primes" dont le seul souci et de profiter au maximum des avantages mis en place. Parmi les décrets du code, figure aussi la possibilité de lancer des entreprises avec un apport minime de l'entrepreneur, ce qui est encore une fois un extrême antiéconomique, car la non implication financière du promoteur du projet réduisant les chances de réussite explique Ghenim.
Karim Ghenim déplore par ailleurs, le retrait de la mention « projets innovants » du catalogue d’investissement dédié au capital risqueurs, qu’il considère en contradiction avec le rôle important de ces projets dans la croissance économique. L’autre point concerne le volet de la restructuration financière des sociétés en difficultés, soit l’injection de fonds en l’absence d’investissement physique, pour laquelle les capital risqueurs ne disposent que d’une fenêtre limitée jusqu’au 31 décembre 2016 prévue par la loi de finance 2015, alors que les opérateurs du secteur y voient plutôt un aspect important de leur champ d’intervention à inclure durablement, dans la mesure ou beaucoup de sociétés tunisiennes sont sous capitalisées et ont pâtis des mauvaises performances économiques des dernières années.
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