L'année 2000 a fortement consolidé le renouveau de la bourse de Tunis déjà pressenti depuis 1999. Présentant la meilleure performance régionale, Tunis a su parer les turbulences émaillant les places mondiales suite à la dégringolade des valeurs TMT et contrer le marasme des bourses émergentes avec 21% (2,4% en $) de hausse dans son indice de capitalisation, le TUNINDEX qui finissait à 1442,61 points contre 1192,57 points en 1999, et un record d'échange de 919,5 millions de dinar sur la cote de la bourse contre 554 MD en 1999.
Après un début d'année tonitruant qui a vu le marché gagner 10% en 5 semaines, la bourse a connu un essoufflement qui a fini par s'estomper grâce à la contribution essentiellement de la SFBT et SOTETEL qui ont permis se soutenir la cadence du marché tout au long de l’année. A la faveur d’attributions gratuites généreuses fortement appréciées par le public mais aussi de perspectives prometteuses, la SFBT et la SOTETEL ont suscité un intérêt sans précédent du public ce qui a propulsé leurs cours à de nouveaux niveaux record. SOTETEL s'octroyait la meilleure performance de l'année surclassant de loin l'indice avec +330% tandis que SFBT finissait en hausse de 159%. La SFBT devenait de très loin la première capitalisation du marché représentant à elle seule près de 20% de la cote. La concentration des ordres sur ces deux valeurs a créé un marché à deux vitesses et a déstabilisé quelque peu l’équilibre historique du marché. Les observateurs ont à juste titre qualifié l’année 2000 d’année SFBT, SOTETEL voire même de l’année SSS en incluant la SIAME très active et performante au cours du 1er semestre.
L’année 2000 aura été marquée par une activité importante au niveau des opérations de fusions – acquisitions. Tout d’abord, dans le cadre de la politique de privatisation, la STB a cédé les 54% qu’il détenait dans le capital de la firme le MOTEUR au profit du groupe Mabrouk. Ce groupe se renforce ainsi dans la distribution puisqu’après le rachat de la chaîne de distribution alimentaire Monoprix, il se place également dans la distribution des pièces de rechange automobile et des véhicules de marque Mercedes Benz, Fiat et Iveco.
Le secteur de la chimie, plus exactement celui de la détergence, a connu le retour en force de l’anglo-néerlandais UNILEVER suite au rachat des participations du groupe Chaibi dans la société cotée SPCD mais également dans sa société mère CODEPAR. Cette transaction d’environ 100 millions de $ confirme l’intérêt des multinationales de s’établir en Tunisie afin de couvrir la région du Maghreb.
Un autre accord de partenariat dans le secteur de la distribution a été conclu entre le groupe BATAM et le sud africain PROFURN afin de développer un réseau de magasins en Afrique du nord. Par ailleurs, PROFURN devrait, sous réserve de l’autorisation des autorités, prendre une participation de 30% dans BATAM Tunisie.
La véritable transaction d'envergure reste toutefois la fusion à trois entre la STB, BNDT et BDET annoncée depuis 1998 mais qui a été concrétisée à la fin de cette année. L’ établissement des parités d'échange a sorti la BDET de sa léthargie lui permettant de sur-performer l'indice sectoriel par un rendement absolu de 41% contre 2% pour le secteur. Au total, cette fusion a donné naissance à la plus grande banque tunisienne avec une capitalisation boursière avoisinant les 300 millions de DT.
D’une manière générale, le secteur financier est resté plutôt à la traîne l’année dernière. La BIAT a fortement pâti des turbulences du marché londonien qui a entraîné des conversions massives de GDR qui ont dont être écoulées sur le marché local provoquant un tassement des cours. Les détenteurs de GDR ne représentent plus que 10% du capital de la banque contre 20% en 1998 lors du lancement de l’émission. La BH a également fortement souffert de rumeurs faisant état d’une dégradation de son portefeuille risques démenties par la suite lors de la parution des comptes semestriels. Le changement du PDG, en début d’année a servi de prêtexte à la propagation des rumeurs les plus folles qui ont fait tout de même chuter le cours de 14%.
Le secteur du leasing, très en vogue en 1999, a connu un retournement de tendance cette année perdant plus de 11% en moyenne. Plusieurs sociétés ont subi des contrôles fiscaux cette année faisant redouter des redressements qui auraient grevé les résultats de l’année. Dans un contexte de concurrence de plus en plus exacerbé, les investisseurs ont préféré alléger leurs positions entraînant les cours à la baisse hormis Tunisie Leasing qui affiche un rendement positif de 6%.
La véritable déception de l’année aura été TUNISAIR qui a surpris le marché en affichant pour la première fois depuis qu’elle est cotée une perte de 22,5 MD sur les six premiers mois de l’année. La compagnie a subi le contrecoup de la hausse du dollar et du renchérissement du prix du fuel. Après une première correction de grande ampleur, les investisseurs, sentant que le conjoncture restait toujours défavorable, ont fortement survendu le titre lui faisant tutoyer la barre des 9 DT. Sur l’année, le titre a perdu 40% de sa valeur abandonnant par la même occasion son statut de valeur phare de la cote.
Le transfert sur le continu d'un plus grand nombre de titres a conféré plus de fluidité à l'échange et de robustesse à certaines lignes dont BATAM qui échangeait 10 MD et TUNISIE LEASING 29 MD. Plus de 28,7 millions de titres ont été traités en 2000 contre 27,5 millions de titres l'année d'avant. Tout compte fait, on retrouve au palmarès des valeurs les plus traitées: SFBT 224 MD (1,447 millions de titres), SOTETEL 83,9 MD (478 mille titres), SIAME 66,3 MD (905 mille titres), BIAT 50,9 MD (2,2 millions de titres) et TUNISAIR 44,9 MD ( 2,3 millions de titres). Les secteurs bancaire, industriel et leasing ont respectivement drainée des échanges de 12,5, 3,8 et 2,4 millions de titres pesant respectivement à plus de 47%, 30% et 4% dans la capitalisation totale de la cote au 31 décembre 2000 estimée à 3,984 MD (ou 2,9 M$).
Enfin, l’année 2000 aura été caractérisée par l’absence totale de nouvelles introductions marquant un sérieux coup d’arrêt après une année 1999 particulièrement prolifique. L’assureur Salim a certes déposé une candidature mais un désaccord sur le prix d’introduction a finalement entrainé l'ajournement du projet d’introduction. Après 9 mois de léthargie, la tendance s’est inversée au cours du dernier semestre avec pas moins de 4 nouvelles candidatures qui n’ont finalement pas pu être concrétisées en 2000. SOTRAPIL a très brillamment réussi son introduction au courant du mois de janvier de 2001 tandis qu’ELECTROSTAR est en pleine période de placement de son OPV. La société pharmaceutique SIPHAT et le distributeur de pièces de rechange STEQ suivront au cours des prochaines semaines. L’élargissement de la cote, longtemps souhaité devrait finalement permettre de redonner des couleurs à la bourse.