A l’invitation de l’Association des intermédiaires en Bourse, M. Hédi Zar, Directeur Général de la STB et ses collaborateurs ont assuré la première d’un nouveau cycle de communications financières au tout nouveau siège de la BVMT. La rencontre a été consacrée aux nouvelles conditions dans laquelle évoluera la banque après l’avènement d’un nouveau contexte national, ainsi que les répercussions des deux derniers mois sur son activité et son avenir.
En guise d’introduction, M Zar a indiqué que malgré les prémices d’une reprise, il est encore prématuré d’évaluer la situation économique du pays qui devra inévitablement passer par une période d’adaptation et d’assainissement. En ce qui concerne son établissement, le dirigeant estime que les potentialités de la STB sont énormes et que pour la première fois la banque est maitresse de ses décisions, son activité tend à revenir à la normale, le comité de crédit a repris du service, mais la fébrilité qui domine encore les acteurs économiques dans le pays se fait encore sentir.
La Société Tunisienne de Banque, déplore une dizaine d’agences sinistrées lors des émeutes de janvier 2011, ainsi qu’une trentaine de GAB endommagés dont les deux tiers ont déjà été réparés et fonctionnent quasi-normalement. Le système central et la plate-forme informatique de la STB ont permis d’assurer la continuité de l’activité dans des conditions presque normales et d’assurer le relais entre agences chaque fois qu’il a été nécessaire.
Une des grosses tâches qui attendaient le management a été de creuser dans ses dossiers pour évaluer les risques vis-à-vis de l’entourage de l’ancien président. Les travaux encadrés par la Banque Centrale de Tunisie ont débouché sur une liste de 151 personnes et 150 entreprises, représentant des engagements cumulés de l’ordre de 509 MD pour le cas de la STB, ce qui représente prés du quart du total des engagements bancaires des personnes physiques et morales listées. Les comptes sont d’ores et déjà gelés en ce qui concerne les personnes physiques et la banque a engagé des saisies conservatoires sur les entreprises concernées. Les engagements les plus encombrants concernent surtout la famille Trabelsi titulaires d’importants placements, notamment en SICAV qui couvrent presque l’intégralité de ces engagements, les Ben Ali sont quant à eux des déposants pour la plupart, opérant à travers de petites entreprises peu structurées, principalement dans des secteurs de commerce et d’import/Export. M Zar s’est montré serein quant à l’issue des démarches ultérieures, ajoutant que pour l’année 2011, un provisionnement de 20 MD concernera ses dossiers. Il a rappelé que le portefeuille accroché de la banque a connu une détérioration sensible, se situant à 1447 MDT contre 1320 MDT fin 2009.
La part des engagements classés des proches du président déchu ne constituent que 1 à 2% du portefeuille accroché, d’après M Zar. Le plus gros lot des problèmes concernent le tourisme et le fardeau hérité de la fusion BDET et BNDT ce qui rend, par ailleurs, la fusion avec la BH, décidée par l’ancien régime, une affaire systématiquement non viable. Dans le même ordre d’idée, les difficultés que pourrait connaître le secteur touristique dans les prochains mois ne devraient pas aider les efforts de recouvrement des impayés.
La banque devrait finir l’année 2010, avec un taux de CDL de l’ordre de 19% qui demeure en deçà de celui du secteur estimé à 13,2%. Un positionnement de moins bonne facture pour la STB, qui l’a toujours accompagné au même titre que toutes les autres banques publiques soumises aux dictats des autorités monétaires et financières, faisant dégrader la qualité de leurs portefeuilles. Pour 2011, ce taux de CDL est évidemment amené à augmenter selon les analystes, qui ont voulu savoir dans quelles proportions, sans réponse claire du PDG, qui n’en sait pas plus sur la situation économique future du pays. Ceci dit, M Zar demeure confiant quant à l’étendue des travaux d’assainissement et de provisionnement qui ramèneront la banque à la norme sectorielle dans trois à quatre ans à condition de s’appuyer sur de jeunes compétences dynamiques ayant une vision plus moderne de la banque de demain. Tout doit passer par l’implémentation d’un vrai système d’information, un chantier qui a beaucoup tardé à cause des tracasseries administratives liées aux instructions données à la commission des marchés publics. Dans un autre contexte de son discours, M Zar, n’a pas manqué de parler de la qualité du travail de son prédécesseur, M Najai ainsi que de l’attachement de ses directeurs centraux à appliquer les bonnes pratiques en matières d’octroi de crédit. Du simple chef d’agence au directeur général, les pressions venant des proches de l’Ex-président et de certaines figures influentes dans les cercles financiers sont tellement fortes qu’il était impossible de les contrecarrer sans craindre des représailles. Selon M Zar, la banque a surtout cherché à préserver ses intérêts dans les gros tickets et les opérations arrangées à grande échelle ;
Les plus grandes participations prises par la STB dans les pools bancaires ont été montés à l’occasion de l’acquisition des titres Tunisiana par Princess Holding, la STB y participera pour 80 MDT, le projet de Carthage Cement dont une part de 50 MDT revient à la banque, le lancement d’Orange financé à 50 MDT sous formes d’autorisations dont 24 DMT ont été consommés, et enfin Tunisie Sucre (STB : 15 MDT). Toutes ces participations ont été décidées après une étude approfondie des dossiers par les experts de la banque.
Si les trois premiers projets sont d’excellente qualité, quant à leurs bonnes perspectives et leurs rentabilités avérées, le cas de Tunisie Sucre est un peu particulier. Malgré l’opinion négative concernant ce projet énergivore, les pressions exercées par certains hommes d’affaires et banquiers ont été plus fortes. Dans le cadre de ses engagements totalisant 509,1 MDT, STB a pu se couvrir contre les risques pris grâce à l’obtention de garanties et hypothèques réelles ou par un nantissement des fonds de commerce et de titres. Pour cet encours de 509,1 MDT, le DG a aussi tenu à préciser que les équipes de gestion des sociétés appartenant aux clans Ben Ali et trabelsi et autres alliés sont professionnelles et compétentes, ce qui rassure la banque sur la continuité d’exploitation de ces sociétés une fois la procédure de changement d’actionnariat se précisera. Il ajouté qu’il ne faut pas négliger non plus que les anciens responsables de ces sociétés ont pesé de tout leur poids et réseaux d’influence dans la réussite commerciale de ces affaires.