L’annonce surprise de la décision de la BTEI de reporter la distribution des dividendes prioritaires pour les détenteurs de ses ADP a représenté un coup dur pour cette catégorie de titres promue initialement pour offrir une alternative intéressante aux actions ordinaires, en assurant un rendement fixe moyennant l’absence de droits de vote. Cette décision ne constitue pourtant pas une première sur la place de Tunis puisque les ADP de la société PBHT ont cessé depuis l’exercice 1998 d’assurer le paiement des dividendes prioritaires en raison d’une succession de résultats déficitaires.
Ces deux cas illustrent bien la difficulté rencontrée par ces nouveaux produits financiers à se développer et attirer les épargnants puisque les sociétés émettrices n’ont pas toujours été en mesure d’honorer le paiement des dividendes prioritaires qui représentaient pourtant leur principal argument d’investissement. Après les décisions de ne pas distribuer les dividendes, les titres des sociétés concernées perdent une grande partie de leur attrait et donc de leur valeur boursière.
Pour le cas de la BTEI, le report des dividendes prioritaires a été décidé suite à une opération exceptionnelle de provisionnement. La constitution d’une provision supplémentaire de 9,1 Millions de Dinars pose la question de l’adéquation des provisions constituées dans les années passées avec l’évolution des créances impayées au sein de la banque. Les analystes et les experts ont été surpris de l’ampleur de cette provision qui intervient quelques mois seulement après la publication des comptes provisoires certifiés. L’explication donnée selon laquelle cette provision se justifierait par le changement projeté du statut de la BTEI d’une banque de développement à une banque universelle, n’apporte pas de réponse satisfaisante, dans la mesure où l’évaluation du risque d’un portefeuille de crédit devrait être indépendante du statut de l’établissement de crédit. La constitution d’une telle dotation supplémentaire laisse penser que la détérioration des créances impayées de la BTEI nécessitait, bien avant la récente décision et quelque soit la nouvelle orientation stratégique, un effort antérieur de provisionnement plus élevé, dont les actionnaires et le marché auraient dû en être préalablement informés. D’une manière générale, cette décision de la BTEI relance la controverse sur le provisionnement des institutions de crédit et sur la qualité de l’information financière.