IL fallait s'y attendre, l'Assemblée Générale Ordinaire très tardive de Tunisair n'a pas été une partie de plaisir pour Salwa Essghaier et son équipe, venus statuer sur un exercice 2013 qui s'est soldé par un déficit de 205,3 MD pour la S.A et 216,6 MD en consolidé, alors que l'action Tunisair n'est pas loin de son plus bas à la bourse de Tunis, à 1,100 DT.
Les contestataires sont revenus loin dans l'historique de la compagnie pour expliquer sa situation actuelle, l'un des intervenants à fait une longue allocution sur l'époque de Rafaa Dkhil et d’autres responsables qui ont poussé à la filialisation de certaines activités du transporteur national dans un dessein assez douteux selon lui, citant même les privilèges accordés à certains cadres de l’UGTT et des proches de l’ancien président. Des histoires qui font l’objet de poursuites judiciaires depuis 2012, selon la confirmation de M Jrad, Ex PDG de TAIR lors de l’AGO précédente. Rappelons que M Jrad a été poussé à la sortie par une partie du personnel mécontente de sa politique d’assainissement social. Mme Salwa Essghaier a été nommée à la tête de Tunisair en mai 2014.
Pour en revenir à l’exercice 2013, le nombre de passagers transportés a diminué de 2,3% comparé à l’exercice antérieur, avec un coefficient de remplissage de 68,7% contre 69,4% en 2012, et un chiffre d’affaires de 1 147 MD, en léger repli de 1,5% contre une hausse de 2,6% des charges d’exploitation à 1 307 MD, il s’en est suivi une aggravation du déficit d’exploitation qui a atteint 160 MD contre 108,8 MD un an plus tôt. Des chiffres décevants pour les actionnaires mais qui cadrent avec le contexte marqué par des perturbations nationales et régionales qui ont fortement impacté le secteur touristique. La compagnie a ainsi souffert de la crise grecque perdant prés de 8000 passagers en moyenne et syrienne avec – 25000 passagers par rapport aux années 2010 et 2011. Les deux assassinats politiques ont surtout influé sur le marché européen qui représente 70% du trafic total, baissant de 4% par rapport à 2012 contre une augmentation de 11% une année auparavant. Les marchés libyen et algérien ont aidé à soutenir le trafic avec des hausses de 56% et 15% qui représentent prés de 208 mille passagers additionnels entre 2012 et 2013. Salwa Essghaier a rappelé une nouvelle fois que le déficit 2013 aurait pu être ramené à des niveaux nettement moins criants si la prise en charge par l’Etat des dettes de TUNISAIR envers l’OACA avait été imputée sur l’exercice 2013, la compagnie est en effet redevable de quelques 149,5 MD vis-à-vis de l’OACA, la dette cumulées du groupe se monte à 165 MD.
Par ailleurs, après la réception de deux A320 en février puis en avril, la compagnie a procédé au remodelage de son plan de renouvellement de la flotte, avec l’abandon des A350 et le report de réception de deux gros porteurs A330 et de quatre autre A320. Le restant du pour la finalisation du plan avoisine les 500 million de dollars avait rappelé Hamza Louati, Directeur Central Financier de Tunisair, lors d’une communication financière il y a une semaine, les six appareils seront financés par des crédits déjà assurés et les pourparlers sont à un stade avancé pour obtenir la garantie de l’Etat.
Pour sa part, le commissaire aux comptes à souligné sept réserves dans sont rapport, dont une première sur le plan de vente de deux avions présidentiels, un Boeing B 737-700 et un Airbus A340-500, la non concrétisation de ses plans de ventes continue à générer des charges financières et d’amortissement qui ont totalisé 21,7 MD en 2013, le CAC indique également que 5 autres appareils sont mis en vente mais leurs justes valeurs restent indéterminées. Le nouveau DGA, de la Compagnie, Ex pilote, a assuré que la vente des avions présidentiels pourrait aider à rééquilibrer la trésorerie de la compagnie et qu’une commission composée de fonctionnaires très compétents est en charge du dossier.
Une autre réserve concerne les comptes clients débiteurs et créditeurs non justifiés, dont les soldes s’élèvent à 40 et 51 MD respectivement, une situation imputable aux risques associés à la multitude d’intervenants dans le système d’émission des billets et l’absence d’un système de contrôle fiable des encaissements. D’autres comptes clients présentent des soldes non justifiés pour 14,3 et 7,2 MD et pourraient selon le CAC, affecter le résultat net et les capitaux propres de Tunisair. La qualité du rapport des CAC a bien été appréciée par les actionnaires. La compagnie a permis un degré de transparence sans précédent ; L’intervention du représentant du ministère des finances a laissé entendre que l’Etat tunisien est préoccupé par la situation de la compagnie soumise à un contexte concurrentiel très difficile. Il ne lâchera pas son transporteur national. Une augmentation du capital a été envisagée mais cela aurait pénalisé les petits porteurs, d’où le choix de la prise en charges d’une partie du passifs.
Au volet des nouvelles positives, la compagnie qui a frôlé la balck-list il y a trois années, est actuellement redevenue l’une des meilleures sur le plan sécurité à l’échelle mondiale. La compagnie a obtenu la certification ISO 9001 version 2008 pour les périmètres vol, opération Sol, activité commerciale et maintenance de la flotte et la certification IOSA. Le plan de redressement de la société se poursuivra dans le but d’optimisation des moyens, le redressement des résultats financiers et le retour de la rentabilité positive des opérations. En 2013, la politique de la société a permis la compression des prestations informatiques, les primes d’assurances avions et autres assurances (qui passaient par un courtier proche de la famille présidentielle auparavant, surchargeant, ainsi, la facture payée par la compagnie, d’après un actionnaire ), frais de publicité, promotion et relations publiques, frais de transports, frais de mission ; L’année 2014 devra enregistrer une amélioration dans les indicateurs d’exploitation notamment en fin d’année avec la baisse de la facture carburant qui se poursuivra en 2015 et la compression des charges du personnel après le départ annoncé de 1700 employés. Le CAC a anticipé sur la poursuite de l’exonération fiscale de l’impôt sur la société accordée pour une durée de 5 ans. Il a précisé qu’à défaut de cette exonération, la compagnie pourra bénéficier des reports déficitaires antérieurs et leur imputation sur les éventuels bénéfices futurs. Le petit actionnaire n’en demande que ça : le dividende.