Pour sa première réunion avec les analystes financiers depuis l’introduction de la STIP en Bourse, son Président-Directeur Général, M. Mohamed Besbès, a longuement parlé lundi 16 juin 2003 au siège de l’AIB, des performances de la société, des ses résultats en 2002, des défis auxquels elle doit faire face et de ses perspectives d’avenir.
Avant de revenir sur les raisons de l’important écart entre le bénéfice réalisé et le bénéfice prévisionnel, M. Besbès a rappelé les évènements majeurs qui ont marqué la STIP en 2002. Il a ainsi exposé les principales caractéristiques du projet de développement lancé par la société à l’usine de M’saken concernant la nouvelle technologie « All Steel » acquise auprès de Pirelli, partenaire technologique et actionnaire de la STIP. Cette technologie, utilisée à l’échelle mondiale, consiste à remplacer les tissus textiles par des tissus métalliques et devrait permettre à la société de réaliser des économies d’échelle et d’enrichir sa gamme de produits. Les travaux, réalisés à 80% à ce jour, devraient s’achever en août 2003 et ont déjà produit un premier prototype de pneu All Steel pour les camions poids lourds qui aura à subir les tests d’endurance avant d’être lancé sur le marché. Les investissements relatifs à ce projet portent sur une enveloppe globale de 75 MD, à financer à hauteur de 25% par fonds propres et de 75% par dettes à moyen terme.
Le second événement marquant de l’année 2002 consiste en l’obtention de la certification ISO 9001 après l’ISO 9002 obtenue en 1998 et reconduite depuis, ainsi que de la certification ISO 14001 relative aux normes de l’environnement. Ces certifications traduisent la volonté de la STIP d’améliorer ses procédures et la qualité de ses produits et de se préparer de la meilleure façon possible à affronter la concurrence étrangère d’ici 2008, lorsque le démantèlement tarifaire sera achevé.
Concernant les résultats de la société, M. Besbès a particulièrement mis l’accent sur la conjoncture difficile de l’année 2002 qui a subi, d’une part, les conséquences du 11 septembre sur le secteur du tourisme et, d’autre part, la sécheresse et la mauvaise saison agricole. Ces facteurs, qui ont engendré un ralentissement économique dans le pays, ont touché de plein fouet l’activité de la STIP qui détient en Tunisie une part de marché de 56% et dont moins de 50% est destiné aux véhicules de tourisme, puisque les besoins en pneumatiques des divers opérateurs (agriculteurs, hôteliers et agents de voyage, transporteurs de marchandises …) ont sensiblement baissé. Ceci explique le recul des ventes sur le marché local qui ont chuté en volumes de 17,3% et qui, malgré l’accroissement des ventes à l’export de 17,5%, a fait baisser le chiffre d’affaires global de 5,5% et, surtout, la marge totale sur coût matières (-18,8%), habituellement plus importante au niveau local qu’à l’export.
Cette érosion de la marge trouve également sa justification dans la concurrence déloyale du marché informel puisque la STIP subit le phénomène du retour d’une partie de sa propre marchandise initialement exportée vers la Libye, écoulée par la suite sur le marché parallèle local à des prix de vente nettement inférieurs aux siens. Ce phénomène a pris des proportions telles que, pour l’endiguer, la STIP a sollicité la mise à contribution de l’ensemble des autorités concernées (douanes, ministère du commerce, association de protection du consommateur ..) qui ont lancé une vaste campagne qui commence à porter ses fruits. Néanmoins, même si cette concurrence déloyale est contenue, la STIP devra baisser progressivement ses prix de vente en Tunisie afin d’être plus compétitive d’ici 2008, M. Besbès ayant estimé ces baisses de 4 à 5% par an.
En matière d’export, la société a consolidé en 2002 ses ventes à l’étranger. Seul pays arabe avec l’Egypte à posséder une industrie nationale de pneumatiques compétitive, la Tunisie exporte vers de nombreux pays arabes comme le Maroc, l’Algérie, la Libye, la Syrie, l’Irak, l’Egypte, mais aussi l’Italie, à travers des contrats de sous-traitance avec Pirelli, et la Hollande. La progression la plus remarquable a concerné le marché marocain où la STIP a constitué en 2001 une société mixte tuniso-marocaine, détenue à hauteur de 65% par la STIP et exploitant une quinzaine de points de vente de pneumatiques. Cette expérience a rencontré un tel succès que la STIP envisagerait de la renouveler dans d’autres pays. La société vise également à développer, à travers des sociétés de commerce international, ses ventes destinées à des pays d’Afrique Sub-saharienne, pour compenser essentiellement la perte, pour cause de guerre et d’Etat transitoire, du marché irakien.
M. Besbès a donc expliqué que les résultats 2002 ont considérablement pâti de ce recul du chiffre d’affaires et de la dégradation de la marge puisque le résultat d’exploitation a chuté de 62,5%, malgré l’importante baisse des provisions constatées. Avec la forte progression de l’endettement, qui a été multiplié par plus de six fois en une année pour financer le programme d’investissement, et la hausse du BFR qui a impacté la trésorerie, les charges financières ont plus que doublé alors que la société s’est trouvée privée en 2002 des 2,1 MD de gain exceptionnel réalisé en 2001. Compte tenu de ces éléments, la STIP n’a pu dégager qu’un résultat net de 1,8 MD, contre 8,9 MD réalisé en 2001, soit une chute de 79%. Dans son prospectus d’introduction en Bourse, la société avait annoncé un bénéfice prévisionnel pour 2002 de 12,5 MD pour un chiffre d’affaires prévisionnel de 87,5 MD et un résultat d’exploitation de 17,2 MD. Il est évident qu’une mise à jour du business plan de la société s’impose, ce qui est en cours selon M. Besbès.
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