La société ICF a tenu le 18 avril 2019 son assemblée générale ordinaire, sous la présidence de Lakhdhar Tlili, et en présence d’un actionnariat représentant 80% du capital. La session s'est déroulée devant une assistance particulièrement nombreuse, à la mesure de l'année 2018 exceptionnelle qui a vu la société dégager un bénéfice record, avec en prime une flambée de près de 600% du cours d'action. Une année qualifiée par le PDG de “miracle dans la conjoncture que traverse le pays”.
Rappelons que la société a clôturé l'exercice 2018 avec un bénéfice de 38,5 MD, contre 15 MD en 2017. La société a réalisé une amélioration du chiffre d’affaires en DT due principalement à l’augmentation des prix unitaires des ventes qui ont connu une nette amélioration (>45 %). Et ce, malgré une augmentation des prix d’achat des matières premières principales, dépassant les 50 % pour le spath fluor et les 30% pour l’alumine hydraté. Les revenus en 2018 ont atteint 157,3 MD, en hausse de 34,8%. La demande chinoise a tiré le prix vers le haut, la Chine étant passée de grand producteur à premier exportateur mondial, en raison de la politique environnementale du gouvernement local.
L'année écoulée a été marquée par une augmentation significative de l’ordre de 20 % de la production de fluorure d’aluminium durant cette période par rapport à la même période de l’année 2017. Cette hausse est due essentiellement au maintien d’un rythme continu et soutenu de la production et aussi au report d’un arrêt technique de deux semaines programmé initialement pour le mois de novembre 2018.
Le business plan en préparation prévoit la réalisation d’une nouvelle unité de production de fluorure d’aluminium, pour remplacer l'unité actuelle qui date déjà d'une quarantaine d'année, et souffre entre autres de corrosion, avec un coût total de 40 millions de dollars, et d'une capacité de 43 mille tonnes. Le schéma de financement dépendra de l'étude de projet, tout comme le sort de l'unité actuelle. ICF assurera une mobilité interne, eu égard aux besoins en main d'œuvre de la nouvelle usine inférieurs à l’effectif actuel de l'unité en cours d'exploitation. Cet investissement permettra, par ailleurs, d'utiliser le surplus de la production pour optimiser le fonctionnement du générateur d'électricité. La société compte aussi mener un projet pour la lutte contre la pollution, qui permettra notamment de récupérer l'anhydrite résiduel pour la fabrication de matériaux de construction dans un objectif de diversification dicté par les conditions du marché de l'acide sulfurique, mais aussi et surtout pour éviter les déversements hautement polluants. Des travaux de maintenance sont également prévus et s'étaleront sur deux ans. D'autres idées d’actions à plus long terme pourraient être envisagées, comme le rachat de nouvelles unités voire de mines.
ICF devrait, en outre, profiter de la hausse de la demande émanant de ses principaux marchés, notamment les Émirats, l'Afrique du Sud et l'Égypte, et pénétrer le marché du Bahreïn, et de la Russie. La société a même dû rejeter des demandes provenant de Malaisie vu le niveau de production. Interrogé sur la stabilité des clients d'ICF, le PDG a assuré que la société est tout à fait en mesure de maintenir la qualité de ses produits et de respecter les spécifications contractuelles qui garantissent la fidélisation des acheteurs. Interrogé sur la hausse des prix des matières premières et son impact sur la marge brute de la société, le PDG a assuré que le niveau des stocks offre un matelas important pour limiter la hausse des coûts, qui sera inévitablement répercutée sur les prix de vente an cas de hausse qui compromettrait les marges.
Lakhdhar Tlili a insisté sur les perspectives très encourageantes pour ICF. Les chiffres du premier trimestre 2019 confirment les anticipations positives du président, qui a parallèlement souligné le contexte social qui reste tendu dans le pays, même si ICF n'a pas connu de perturbations ou grèves. La politique salariale et incitative vis à vis du personnel est d'ailleurs un facteur fondamental à prendre en compte, soutient le management, en réponse à la proposition d'un actionnaire de relever le montant du dividende vu le niveau des fonds propres après une année exceptionnelle. Les investissements à venir imposent aussi une certaine retenue dans la distribution du bénéfice surtout dans le contexte actuel du dinar, a indiqué le président. Rappelons que la société a proposé au titre de 2018 un dividende de 8 DT, contre 4 DT l'année précédente, les actionnaires ont attiré l'attention du président sur le rendement du titre à ce niveau de dividende et compte tenu du cours de l'action, qui gravite autour des 210 DT après le boom de 2018. L'autre facteur à retenir est le niveau de l'IS qui montera à 25% à compter de 2021 contre 10% actuellement, et qui entre dans les calculs du management pour les perspectives et l'avenir de la société.
Un petit porteur a par la suite pris la parole et proposé une augmentation de capital donnant lieu à une distribution gratuite en guise de considération pour les actionnaires minoritaire avec un dividende qu'ils estiment “faible”.