Le secteur textile, qui comprend plus de 2000 entreprises,
continue de générer un chiffre d’affaires considérable pour un bon nombre de
producteurs en Tunisie. En termes de croissance, l’ensemble des branches
textile, habillement et chaussure contribuait en 2005 à 5,25% du PIB et
représentait environ 35% du total des exportations.
Le nombre d’emplois directs pourvus par ces branches est
évalué à 250 000. La confection et la bonneterie, comprenant respectivement 1600
et 200 entreprises, représentent la majeur partie des activités tandis que la
filature, le tissage et les activités de finition jouent un rôle secondaire.
L’Europe est le principal acheteur, et la Tunisie occupe la
sixième position des principaux fournisseurs de l'UE en produits d'habillement.
40% des exportations tunisiennes sont destinées à la France, 25% à l’Italie et
11% à l’Allemagne.
Toutefois, le secteur subit de fortes pressions. La fin de
l’accord multi-fibres (AMF) en 2005 fait de l’ombre à l’industrie. Au cours des
9 premiers mois de l’année 2006, l’activité textile représentait un chiffre
d’affaires de 3,23 milliards de dinars (2,48 milliards de dollars), soit une
baisse de 1,65% comparé à la même période l’année dernière. Selon le centre
technique textile (CETTEX), ce sont 5000 à 6000 emplois qui ont été supprimés au
cours de cette période. La plupart des pertes ont profité aux concurrents
asiatiques, et les analystes s’empressent de conclure qu’il est pratiquement
impossible de rivaliser sur la seule base des prix. Les charges salariales
chinoises sont près de dix fois inférieures, et la concurrence grandissante
provenant de pays comme l’Inde, le Bangladesh ou le Pakistan laissent à penser
que la pression concurrentielle n’est pas à même de s’apaiser. Sans aucun doute,
les producteurs bas de gamme et moyenne gamme qui s’efforcent depuis des années
à fournir des produits bon marché aux entreprises européennes, subissent
aujourd’hui les conséquences du démantèlement des quotas, à une époque où les
acheteurs délocalisent en Asie ou s’apprêtent à le faire.
Les entreprises tunisiennes qui relèvent le défi en
modernisant leur gestion, leurs chaînes de production et leur système
informatique seront celles qui, à terme, parviendront à survivre.
Malgré tout, une analyse de fond de l’industrie textile
révèle que les branches ne font pas toutes face équitablement à la concurrence.
D’après les statistiques pour septembre 2006, le secteur
connaît une amélioration sensible après des mois à la baisse, et enregistre une
croissance considérable de 9,64% comparé à septembre 2005. Il est à souligner
que cette progression est entièrement due à une augmentation de la valeur plutôt
que du volume, au moment où les producteurs de textile tunisiens commencent à se
tourner vers des activités à forte valeur ajoutée et aux marges plus élevées.
En effet, les entrepreneurs explorent et adoptent des
stratégies nouvelles, et des tendances nouvelles font leur apparition. Les
sous-traitants traditionnels, qui dépendent massivement des acheteurs étrangers,
accueillent avec enthousiasme les partenariats de co-traitance orientés vers la
production haut de gamme.
En matière de production et de finition, les fabricants
tunisiens peuvent faire face à des normes élevées. Des marques telles qu’Yves
Saint-Laurent, Max Mara, Pauk&Shark, et Dolce&Gabbana n’hésitent pas à
délocaliser leur production en Tunisie.
Le réapprovisionnement représente un autre vecteur
potentiel de développement. Dans une industrie en perpétuel mouvement, savoir
gérer un calendrier serré est primordial, et la position géographique de la
Tunisie lui procure un avantage sur les autres pays producteurs. Les fabricants
tunisiens sont en mesure de livrer le marché européen (et quelquefois les pays
du golfe et nord africains) en quelques jours, ce qui peut prendre plusieurs
semaines pour leurs homologues chinois ou indiens.
Certains fabricants tunisiens commencent à se spécialiser
dans certaines niches, comme par exemple les sous-vêtements haut de gamme ou le
textile haute technologie, qui sont utilisés dans les industries automobile et
aérienne à des fins sécuritaires ou médicales. Néanmoins, ces produits de niches
nécessitent un savoir-faire et des hautes compétences techniques. Les
industriels qui souhaitent investir dans ces segments doivent respecter des
règles et des normes de qualité bien strictes, ce que peu d’opérateurs locaux
sont en mesure de garantir pour le moment.
Parallèlement, certaines entreprises tunisiennes se
détournent de la sous-traitance au profit d’activités à plus forte valeur
ajoutée. Par exemple Maille Club, qui opère depuis des années exclusivement en
qualité de sous traitant, vient de lancer sa propre marque de mode, Mabrouk. A
présent, le fabricant a pris les rennes de la chaîne dans sa globalité, de la
maquette à la production, en passant par la création, le marketing jusqu’à la
commercialisation à travers son réseau de distribution. Mabrouk a par ailleurs
commencé à délocaliser sa production à l’étranger. La société mère vient de
lancer en Algérie une marque similaire, Actua, et projette de conquérir de
nouveaux marchés.
OBG
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