La cherté du pétrole est là pour durer et risque de
ralentir la croissance en Asie où la demande est une des causes de la hausse du
prix du baril, a déclaré jeudi le directeur général du Fonds monétaire
international (FMI).
"La croissance en Asie est remarquable. Il y a des risques
bien sur et le risque le plus important est, en ce moment pour l'Asie, le prix
du pétrole", a dit M. Rodrigo Rato, dans une conférence vidéo tenue depuis
Washington avec des journalistes en Asie.
"Nous voyons que l'impact des prix pétroliers est modéré à
ce stade mais nous pensons que si des prix élevés persistent, et nous pensons
que cela sera le cas, la croissance de l'Asie pourrait en souffrir". Le patron
du FMI a estimé, comme d'autres économistes, que le pétrole resterait cher et
que la hausse actuelle était différente de flambées qu'on a connues dans le
passé.
"Nous savons déjà que le prix du pétrole ne va pas baisser
et retrouver les niveaux d'il y a deux ans, pas dans le court terme mais à moyen
terme", a-t-il dit. Certains pays d'Asie comme l'Indonésie et les Philippines
ont commencé à souffrir des effets du prix du pétrole et les autorités doivent
régir pour endiguer l'inflation, a dit M. Rato qui a appelé Manille et Jakarta à
faire preuve d'une "vigilance" spéciale.
RECORD
Le chef du FMI a notamment mis en garde contre des
subventions des produits pétroliers car ces politiques, bien que très
populaires, créent un fardeau pour les économies à long terme. "Il est clair que
les gouvernements doivent sensibiliser les consommateurs et les sociétés à la
vérité des prix. Il ne va pas s'agir d'une hausse de courte durée des prix du
pétrole", a-t-il dit.
Le maintien d'une demande forte aux Etats-Unis, premier
consommateur mondial, et la montée en puissance des économies chinoise et
indienne sont les principaux facteurs qui poussent le prix du pétrole à la
hausse, a dit M. Rato. "A la différence de toutes les situations antérieures qui
étaient liées à une diminution de l'offre, la raison principale aux prix actuels
du pétrole se situe certainement dans la force de la demande", a-t-il dit.
"Vous avez une demande très forte et il n'y a pas de
perspective de diminution de cette demande", a-t-il ajouté. Le responsable a
également cité des contraintes sur l'approvisionnent, des engorgements au niveau
du raffinage, et un manque de transparence sur le marché pétrolier mondial comme
des raisons au maintien d'un pétrole cher.
Le baril de référence avait clôturé à 67,32 dollars
mercredi aux Etats-Unis et se situait jeudi à 06H00 GMT à 67,53 dollars en Asie.
Il avait franchi momentanément la barre des 68 dollars, un nouveau record, dans
des transactions électroniques après la clôture du marché américain. Le marché
réagissait à l'approche d'une tempête tropicale dans le Golfe du Mexique.
AFP