Attentat du Bardo- Qu’en-est-il du tourisme ?

L’attentat terroriste contre le musée du Bardo à Tunis faisant des victimes tunisiennes et étrangères, tombe comme un coup de massue sur le tourisme tunisien, un secteur qui se réduit à peau de chagrin depuis le 14 janvier 2011. Cependant, de l’avis de certains acteurs touristiques, l’année dernière le secteur commençait à reprendre des couleurs jusqu’à ce que l’attaque du Bardo sévisse. Le tourisme fait vivre près de 12% de la population tunisienne avec environ 480.000 emplois directs et indirects, selon les chiffres de la Banque Mondiale, il représente pas moins de 7% du PIB national. Le président du Syndicat ,national des agences de voyage, Jean-Pierre Mas a indiqué dans une déclaration accordée à l’agence de presse AFP que cet attentat n’est pas bon pour le tourisme mais pas bon non plus pour la Tunisie, son économie, et l’esprit de liberté qui semblait émerger en ajoutant qu’il ne fait aucun doute que cela ne peut pas arranger les choses malheureusement.  

Le tourisme constitue un des principaux piliers de l’économie nationale et génère entre 18 et 20% des recettes en devise pour la Tunisie. L’Office national de Tourisme indique qu’essentiellement le tourisme qu’il soit familial ou de groupes décline un effet d’entraînement sur une large portion des secteurs économiques à l’instar du commerce, l’artisanat, les communications, le bâtiment, les transports et l’agriculture. A noter qu’au titre de l’année 2014, selon les données fournies par le ministère du Tourisme, la Tunisie a accusé une baisse du nombre des touristes venus de l’ordre de 3,2% pour passer de 6,27 à 6,07 millions de touristes en glissement annuel. En 2010, année de référence, le nombre des touristes frôlait les 7 millions dont près de 1,4 Français.

Dans son discours du 18 mars 2015, le chef du gouvernement, Habib Essid avait déclaré que c’est le tourisme tunisien qui est visé par l’attaque terroriste du musée du Bardo : « Cette opération vise l'économie tunisienne et un secteur délicat qui passe par une crise. Je demande à tous les partis, à toutes les sensibilités politiques, à toute la société civile de s'unir pour lutter contre le terrorisme». Pour sa part, la ministre du Tourisme, Selma Elloumi Rekik a déclaré que 3000 annulations de réservations dans plusieurs marchés émetteurs ont été enregistrées. Cependant, selon elle ce chiffre ne représente que moins de 3% du taux des réservations globales. En marge de la réouverture officielle du musée du Bardo, M. Elloumi Rekik a souligné qu’une commission a été mise en place au sein de son département en vue d’étudier les différents outils à mettre en pratique dans le but de sauver la saison touristique. La ministre du Tourisme a jugé, de son côté que les 3000 annulations de réservations qui ont été notées jusqu’ici depuis l’attaque terroriste sont quasiment non significatifs. Et d’ajouter que l’ensemble des activités touristiques prévues se sont poursuivies à Tataouine ainsi que dans toutes les autres régions du Sud, région qui n’a enregistré aucune annulation. 

De son côté, la Fédération tunisienne des agences de voyage (FTAV) a tenu, mardi 24 mars 2015, une journée d’information sous le thème de la gestion de crise et quelle stratégie adopter après les événements du Bardo. Mohamed Ali Toumi, président de la FTAV a précisé, dans ce cadre, qu’il va falloir communiquer sur cette tragédie pour rassurer, soulignant qu’il faut adopter une communication en lien avec les spécificités de chaque marché. 

Lorsque l’on arpente les rues de la capitale Tunis, les touristes brillent par leur présence. Les commerçants spécialisés dans la vente de produits de l’artisanat dont la principale clientèle sont les touristes déclinent des avis mitigés : certains disent que la saison touristique est très mal partie et il est fort difficile qu’elle puisse être sauvée, d’autres disent qu’il est encore tôt pour se prononcer sur la portée de l’attaque terroriste car la saison n’est pas encore à nos portes.

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