Dans un rapport publié hier, 10 février 2016, la Banque Centrale de Tunisie revient sur les échanges commerciaux de la Tunisie en 2015 et les évènements nationaux et internationaux qui les ont impacté. Sur le plan local, les attentats du Bardo puis de Sousse ont eu pour effet la chute de l'activité touristique et par conséquents la baisse des importations destinées au secteur, les perturbations sociales, notamment dans le bassin minier ont quant à elles engendré la poursuite de la baisse des exportations des produits phosphatés et la perte de parts de marchés à l’échelle mondiale. Les tentions sociales dans le secteur off-shore ont par ailleurs contribué à la baisse des exportations des secteurs des THC & IME. Parallèlement, la Tunisie a connu la poursuite de la baisse de la production nationale des hydrocarbures (-9% pour le pétrole brut et -3% pour le gaz naturel, selon les données de 2015 communiqués par le MEM), ce qui s’est traduit par la baisse du volume des exportations. De l'autre coté, la production record d’huile d’olive a permis d'atténuer partiellement les effets des autres évènements négatifs grâce à des explorations exceptionnelles.
La conjoncture mondiale a quant à elle été principalement marquée par la dégringolade des prix internationaux des hydrocarbures, une baisse moyenne en USD de 47% du prix du baril de Brent en 2015 a contribué à réduire la facture des importations énergétiques, mais également à la baisse des exportations de ces produits. Les prix internationaux en USD des produits alimentaires de base et des matières premières ont également évolué en baisse, Blé dur (-28,7%), Blé tendre (-15,8%), Sucre (-15,8%), Fer (-42,3%), cuivre ( -19,7%), coton (-14,8%)….Ces mouvements ont permis d'atténuer les dépenses d’importation de ces produits pour lesquels la Tunisie est un importateur net.
Enfin, une reprise de l’activité économique dans les pays industrialisés, y compris l’U.E, principal partenaire économique du pays, a engendré une amélioration relative de la demande adressée aux produits industriels tunisiens, qui n’a pas été bien saisie par le secteur industriel tunisien, note la Banque Centrale de Tunisie.
Aux prix constants, les échanges commerciaux font apparaitre au cours de 2015 une baisse des exportations (-2,8%) ainsi que des importations (-1,7%). Par ailleurs la baisse des prix à l’import (-4,1%) et à l’export (-0,6%), a entrainé une amélioration des termes de l’échange de 4,2% par rapport à 2014. Ainsi, en dépit de l’effet positif important du volume d’huile d'Olive exporté, l’effet volume Global sur les exportations demeure négatif, témoignant ainsi du recul de l’activité exportatrice, notamment des secteurs industriel (THC,IME..) et celui des hydrocarbures.
Les importations des biens d’équipement se sont inscrites en baisse témoignant surtout du ralentissement de l’investissement.
La hausse de 24,6% des achats des produits céréaliers (blé tendre, dur et orge) qui ont atteint un niveau record (1.416 MDT) est attribuable à l’accroissement des quantités importées (+19,5%) en relation avec la baisse de 44% de la récolte de céréales au cours de la saison 2014-2015.
L’élargissement du déficit de la balance des biens de consommation se fait de plus en plus sentir au cours de ces dernières années en lien avec la tendance haussière des importations de ces biens (plus de 10 milliards de Dinars en 2015 contre 7,8 milliards de Dinars en 2010 ). En particulier, les achats des voitures de tourisme (1,5 milliard de Dinars) et des produits pharmaceutiques (@1 milliard de Dinars) ont augmenté de 36,3% et 57,1% respectivement par rapport à ceux enregistrés en 2010.
Au niveau de la répartition géographique des exportations tunisiennes en 2015, l’UE conserve son rang de 1er débouché pour les exportations tunisiennes, surtout pour les ventes des produits industriels effectuées sous le régime off-shore ainsi que l’huile d’olive (régime général). La BCT note une légère hausse de la part des pays de l’UMA dans les exportations tunisiennes qui est liée surtout à la progression de celles destinées vers l’Algérie (+4,3%) et le Maroc (+16%). Ainsi qu’une légère baisse de la part des pays de l’Asie par rapport à 2014.
Pour ce qui est des importations, le rapport fait état d’une hausse de la part des pays de l’union européenne dans le total des importations et consolidation de la part de l’Asie avec la confirmation de la Chine comme notre 1er fournisseur après la France et l’Italie. On note par ailleurs, une légère baisse de la part des pays de l’UMA parmi nos fournisseurs en relation avec la baisse considérable de nos importations (-41%) auprès de l’Algérie. La Russie et la Turquie continuent à être les principaux fournisseurs de la Tunisie en produits miniers, matières premières et certains produits alimentaires de base.
Le rapport procède ensuite à une analyse selon les effets sous le régime général: Prix/Change / Volume. Il en ressort que l'effet change a amplifié les importations de 1606,8 MDT au terme de l’année 2015. La BCT souligne un effet négatif des prix dans l’évolution des importations, estimé à 2827,6 MDT pour l’année 2015, suite essentiellement à la forte baisse des prix des produits énergétiques. L'effet volume négatif a atteint 968,8 MDT. Ceci dégage un effet global négatif sur les importations de 2189,6 MDT au cours de l’année 2015.
En conclusion, le déficit commercial s’est contracté de 1,2 Milliard de Dinars (pour se situer à un niveau mensuel de 1 Milliard de Dinars contre 1,1 Md DT en 2014). Après les forts dérapages post-révolution, le déficit commercial s’est contenu à 14,1% du PIB (niveau proche de 2010). La baisse des importations liée à la contraction du déficit commercial n’est pas totalement satisfaisante, fait remarquer la Banque Centrale, dans la mesure où elle a concerné les achats des biens d’équipement et des matières premières et demi-produits, ce qui laisse présager des répercussions futures négatives sur le potentiel de la croissance. Il est à signaler que le niveau du déficit sous le régime général (qui est effectué principalement par les sociétés résidentes selon l’optique change) reste préoccupant, en avoisinant 19 Mds DT. Néanmoins, ce déficit s’est contracté également de 6,7% ou 1,4 Md DT comparativement à 2014. La chute des prix internationaux des hydrocarbures n’a que légèrement profité aux échanges commerciaux du pays: La baisse des importations de ces produits a été largement compensée par la régression des exportations, de sorte que le déficit commercial énergétique ne s’est contracté que de 6,8%.
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