Ridha Chkoundali, professeur universitaire en sciences économiques, a commenté, ce mercredi 28 août 2024, au micro de radio Express FM, l’interprétation erronée d’un nombre d’indicateurs budgétaires de l'État. A ce titre, il a mentionné que l'État tunisien a remboursé 39,5% de ses prêts intérieurs et 53,7% de ses prêts extérieurs à la fin du mois de juin. Selon ses dires, le montant de 9980,9 millions de dinars avancé par certains analystes en se basant sur les indicateurs publiés par la Banque centrale le 20 août 2024 ne concerne pas le service de la dette publique, mais plutôt le cumul du service de la dette de tous les acteurs économiques (banques, BCT, entreprises publiques et secteur privé). La mauvaise interprétation a entraîné une déduction erronée, selon laquelle l'État aurait déjà réglé 84% de ses dettes pour l'année.
Dans le même propos, l’invité d’Expresso a précisé que le ministère des Finances a récemment publié des chiffres provisoires sur l'exécution du budget de l'État à fin juin 2024, qui indiquent un excédent budgétaire de 488,7 millions de dinars à la fin de juin 2024. Il a rappelé que la Tunisie avait également enregistré un excédent de 26,3 millions de dinars à la fin de juin 2023. Expliquant ces chiffres, Ridha Chkoundali a souligné que cet excédent s’est transformé en un déficit de 11,285,9 millions de dinars à la fin de l'année 2023. Il a ajouté que cette situation implique que l'examen des résultats provisoires de l'exécution du budget de l'État pour la période de quelques mois est dénué de sens, car les finances publiques reposent sur le principe de l'annualité. Et de poursuivre qu’il est nécessaire d'attendre la fin de l'année et la clôture du budget afin de mesurer la capacité de l'État à réaliser son budget.
Ridha Chkoundali a mentionné, par ailleurs, que l'État a réussi à mobiliser 30,7 milliards de dinars à la fin de juin 2024, sur un total de 77,8 milliards de dinars prévus dans le budget de l'État. Il a souligné qie le pays n'a pas réussi à atteindre 50 % des objectifs fixés, mais seulement 39,5%. Cela résulte d'une difficulté à mobiliser des ressources non fiscales, avec seulement 37,5% de mobilisation. Selon l'expert, les redevances du gaz algérien n'ont été perçues par la Tunisie que pour 178,6 millions de dinars sur un total programmé de 1.369 millions de dinars (soit seulement 13%, ndlr). Outre l'incapacité de l'Etat à mobiliser les 520 millions de dinars programmés en revenus des biens confisqués.
De plus, Ridha Chkoundali a remarqué une surutilisation de l'endettement intérieur qui pourrait entraîner une reprise de l'inflation à moyen terme (neuf à douze mois). Par conséquent, sur les 11,74 milliards de dinars d'emprunt intérieur prévus dans la loi de finances 2024, l'État a contracté 11,17 milliards de dinars à la fin du mois de juin 2024, ce qui représente 95,7%. Cette situation est due au manque de précision du budget de l'État pour 2024, avec 10,5 milliards de dinars d'emprunts extérieurs non déterminés. En adoptant cette approche, l'État a été contraint, d'une part, d'emprunter directement auprès de la Banque centrale, pour un montant considérable de 7 000 millions de dinars, et d'emprunter à l'intérieur plutôt qu'à l'extérieur.
En raison des problèmes de mobilisation des emprunts extérieurs, les autorités vont opter pour des emprunts intérieurs, que ce soit à travers les banques locales ou en augmentant l'emprunt direct auprès de la Banque centrale. Selon Ridha Chkoundali, cela aura des répercussions sérieuses sur l'économie du pays, en soulignant le manque de clarté concernant l'exécution du budget à la fin de juin 2024, selon le dernier rapport publié par le ministère des Finances à cette date.
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