Les facteurs économiques fondamentaux de la Tunisie restant prometteurs sur le long terme, selon Oxford Business Group, qui consacre une note au bilan 2015 du pays, soulignant néanmoins que l'économie tunisienne devrait rester en phase de redressement économique sur le court et moyen terme. En août, la Banque Centrale de Tunisie (BCT) a déclaré que l’économie était entrée en « récession technique », rappelle OBG, après une contraction du PIB de 0,2% et 0,7% en glissement trimestriel au premier et deuxième trimestre. Au troisième trimestre, le PIB affichait une baisse de 0,1% en glissement annuel.
Suite à la chute de la demande intérieure, l’expansion du crédit a fléchi et l’inflation a chuté à un taux annualisé de 4,2% au troisième trimestre, contre 5,5% au premier trimestre. Inquiète de la demande intérieure en berne, la BCT a baissé son taux d’intérêt directeur de 50 points de base pour le ramener à 4,25% au début du mois de novembre. Si peu d’économistes prévoient une croissance du PIB dépassant les 0,5% pour l’année 2015, contre 2,3% en 2014, le FMI prédit une croissance de l’ordre de 1% d’ici la fin de l’année, puis de 3% en 2016, souligne la note.
Oxford Business Group parle de résultat "plutôt corrects", faisant le parallèle avec le chaos qui règne dans la Libye voisine ou à l’instabilité qui persiste en Egypt, mais rappelle aussi que les réformes économiques structurelles nécessaires pour réduire la bureaucratie, combattre la corruption et accroître la compétitivité économique n’ont pas progressé à la vitesse escomptée. Les inquiétudes sécuritaires restent vives, touchant en particulier le secteur du tourisme, qui a contribué au PIB à hauteur de 14,5% en 2014. Selon la BCT, les recettes touristiques ont chuté de 33,4% au cours des dix premiers mois de l’année 2015, atteignant 2,1 milliards de dinars (951,9 millions d’euros). Les principales sources de recettes en devises, notamment les exportations et la production de phosphates, ont également connu un fléchissement. La croissance économique tunisienne a par conséquent ralenti ces dernières années. D’après Yassine Brahim, ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération Internationale, la croissance du PIB s’est établie en moyenne à 1,5% par an entre 2011 et 2015.
Le cabinet international d'intelligence économique revient ensuite sur le programme quinquennal de développement, qui vise un retour à un taux de croissance de 5% et la réduction du chômage de 15,2 à 11%, et qui nécessitera une hausse considérable des investissements, qui devront passer de leur taux actuel de 18,5% du PIB à 25% en 2020. La recapitalisation des trois banques publiques endettées du pays – la Société Tunisienne de Banque (STB), la Banque Nationale Agricole et la Banque de l’Habitat (BH)- constitue l’un des axes centraux du calendrier de réformes tunisien, affirme OBG, ajoutant que es réformes plus poussées s’avèreront nécessaires, en particulier en termes de gestion et de contrôle, les taux d’adéquation des fonds propres et l’exposition à des prêts non productifs des banques publiques restent en-deçà des moyennes observées dans le secteur privé.
Comme c’est le cas pour de nombreuses économies émergentes sur le continent aux prises avec le même type de déficiences, venir à bout du double déficit dont souffre le pays constitue un objectif politique clé. Le déficit s’est élargi et a atteint 4,4% du PIB en 2015, notamment en raison de hausses de salaires dans la fonction publique. Les perspectives sur le court terme sont toutefois encourageantes dans la mesure où le gouvernement entend réduire le déficit budgétaire pour le faire passer à 3,9% du PIB en 2016, selon Slim Chaker, le ministre des finances. Pour ce faire, il faudra mobiliser 6 milliards de dinars (2,7 milliards d’euros) de financements intérieurs et extérieurs.
Le cabinet rappelle parallèlement que d'importants progrès ont déjà été réalisés en ce qui concerne le déficit courant, en nette amélioration à un taux estimé de 7,6% du PIB en 2015 alors qu’il atteignait en 2014 le taux quasi record de 8,8% du PIB – les prix bas des matières premières et les recettes touristiques médiocres devraient limiter la reprise dans l’année à venir.
De grandes institutions financières internationales ont également promis une aide financière et technique à la Tunisie à condition que celle-ci accélère ses efforts de réforme. Suite à sa visite dans le pays au mois de septembre, la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, a souligné l’importance d’un système bancaire solide, d’un État et d’une fonction publique plus efficaces et d’un climat des affaires propice à l’investissement afin de maintenir la croissance et de créer des emplois.
Début octobre, la Banque Mondiale a annoncé un prêt à l’appui des politiques de développement d’un montant de 500 millions de dollars afin de contribuer au financement des réformes dans les secteurs de la finance et de la fonction publique, et en décembre, l’UE a transféré la deuxième tranche d’un programme d’assistance macro-financière de 300 millions d’euros. La Tunisie bénéficie toujours également du prêt de 1,75 milliard de dollars accordé par le FMI en 2013, qui était lui aussi destiné à financer des réformes économiques clés.
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