Dans une longue interview accordée au journal « Le Maghreb » dans sa livraison du dimanche 8 mars 2020, le nouveau chef du gouvernement tunisien, Elyés Fakhfakh, a affirmé que, d’après les premières estimations, la crise du Coronavirus aurait un impact négatif de -0,5% sur la croissance de la Tunisie. Cela porterait la croissance du PIB à 1% en 2020, alors que le budget de l’Etat, établi sous l’ancien gouvernement, tablait sur 2,7%.
Fakhfakh a contesté en filigrane l’état des finances publiques tel qu’il a été présenté par le gouvernement sortant en mettant en doute le déficit budgétaire suite au report du règlement de certaines dépenses relatives aux subventions et aux fournisseurs de l’Etat. Il a indiqué qu’une évaluation des finances publiques est en cours en vue d’actualiser les recettes fiscales et, par ricochet, le taux réel de croissance du PIB de 2019.
Abordant le sujet de l’endettement, le chef du gouvernement a affirmé qu’il a atteint un taux très élevé de 80% et qu’il n’y avait plus de marge pour l’augmenter. Il a assuré que son gouvernement est en train d’étudier les mesures susceptibles d’augmenter la mobilisation des ressources propres de l’Etat, de dynamiser l’économie du pays et de diminuer les dépenses.
Par ailleurs, Elyés Fakhfakh a assuré que son gouvernement va essayer de sauver une dernière tranche de prêt de l’Accord 2016-2020 liant la Tunisie au FMI et s’élevant à 1,3 milliard DT, sachant que le pays n’a pas pu obtenir ces derniers mois deux tranches dudit accord.
Le chef du gouvernement a indiqué, à ce propos, que la Tunisie va négocier un nouvel (et « dernier ») accord avec le FMI au terme de l’accord actuel dans le « respect des intérêts du pays » et il a ajouté qu’il n’allait pas « accepter les conditions qui seraient contraires à ces intérêts ».
Sur un autre registre, Elyés Fakhfakh a affirmé qu’il compte beaucoup sur un partenariat avec l’UGTT dans la réalisation de son programme du gouvernement et des réformes.
Concernant l’ALECA, le chef du gouvernement a indiqué qu’il n’était pas contre le principe des négociations avec la partie européenne à condition de préserver les intérêts de la Tunisie face à l’UE, « première puissance économique mondiale », et de faire une évaluation au préalable de l’Accord de 1995 entre la Tunisie et l’Union. Il a noté que la coopération avec les partenaires européens se concentre sur 3 pays sur l’ensemble des 27 qui constituent l’espace européen. De même, Fakhfakh a attiré l’attention sur la nécessité de profiter des opportunités offertes aujourd’hui aux entreprises tunisiennes par le continent africain.
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