Le président du Conseil du Marché Financier, Salah Sayel, s'est exprimé à propos du rapport annuel du CMF 2014 qu'il a présenté à la présidence du gouvernement. Les données du rapport s'étalent jusqu'au mois de juin 2015, compte tenu des assemblées générales relatives à l'exercice 2014, le dirigeant a indiqué à ce propos que 95% des sociétés s'étaient conformées aux délais réglementaires, les 5% restants englobent certaines sociétés publiques et des banques engagées dans leurs full audit et d'autre sociétés retardataires en raison d'imbroglios entre les actionnaires. Le CMF œuvre à assurer l’exhaustivité et la sincérité des informations financières publiées par les sociétés faisant appel public à l’épargne, et visera une transparence à 100% a assuré le responsable, invité d’Express Fm ce matin.
Salah Sayel a rappelé que la capitalisation boursière a progressé de près de 25% aux environs de 19 milliards de dinars en 2014, le Tunindex a quant à lui gagné 16,17% contre une baisse de 4,3% sur l'année 2013. Le responsable a mis l'accent sur ce qu'il appelle des réussites au niveau politique qui ont rassuré le marché financier. Le volume a légèrement baissé comparé à 2013 (marquée par la cession du bloc Tunisiana pour 900 MD), l'année 2014 a généré 2580 MD. L’activité des intermédiaires en Bourse a reculé de 33,08% comparativement à l'année 2013. Le président du CMF a indiqué que 25 visas ont été accordés en 2014 par l'autorité de régulation, soit une moyenne de trois mensuellement, alors que la moyenne en 2012 était d'un visa tout les 4 mois. Les visas accordés en 2014 ont concerné 7 opérations d'augmentation de capital, 14 emprunts obligataires et deux introductions en bourse. 12 documents de référence ont été publiés au cours de l'année.
Le total des capitaux levés en 2014 a atteint 867,4 MD contre 796,8 MD en 2013, et ce sans prendre en compte l'emprunt national qui a mobilisé 956 MD précise Sayel. Au cours de l’année 2014, le Conseil du Marché Financier a accordé 9 agréments de constitution de Fonds Communs de Placement dont deux ont abouti à la création de deux fonds au début de l’année 2015. A la fin de l’année 2014, le nombre d’OPCVM en activité a atteint 119 OPCVM répartis en 33 OPCVM obligataires, 84 OPCVM mixtes et deux OPCVM de catégorie actions contre 115 OPCVM en 2013 répartis en 32 OPCVM obligataires, 82 OPCVM mixtes et un OPCVM de catégorie actions. Ainsi, six OPCVM sont entrés en activité courant l’année 2014 tous agréés en 2013. La valeur des actifs nets a enregistrée une quasi- stabilité passant de 4 585 MD au 31 décembre 2013 à 4 588 MD au 31 décembre 2014.
Interrogé sur la situation actuelle, Salah Sayel, a indiqué que le marché tunisien continu à être régit par les ordres et non par les cours comme le souhaite le CMF, qui constate que les outils dans ce sens n'ont pas donné leurs fruits, à l'image des contrats de liquidité ou de l'article 19 qui confère aux banques la possibilité de racheter leurs propres actions pour réguler le cours et auquel elles n’ont pas eu recours. Pour Salah Sayel, l’indicateur important à prendre en compte est le volume d'échanges, qui à la date d'aujourd'hui affiche une hausse de 53% en glissement annuel à 3200 MD environ.
Quant au marché alternatif, Salah Sayel rappel qu’il a été constitué pour favoriser les sociétés qui n’ont pas accès au financent bancaire pour la faiblesse de leurs garanties, et qui ne peuvent accéder au marché principal à cause de leur taille, il est destinés au investisseurs avertis et non pas aux petits porteurs, souligne le dirigeant. Le CMF n'envisage pas de durcir les conditions d'accès au marché alternatif puisque cela toucherais au principe même de ce marché qui constitue une antichambre pour le marché principal, la seule exigence pour l'entreprise souhaitant s'y introduite est d'être accompagnée par un listing sponsor, c'est le point sur lequel portera la prochaine réforme, affirme Salah Sayel. Il s'agira d'exiger du listing sponsor des reportings périodiques sur la situation de la société introduite sur le marché alternatif.
Parallèlement, une étude menée en partenariat avec la Banque Mondiale, sur la période 2012 jusqu'à cette date, a dégagé certains axes d'améliorations, comme le métier d'analyste financier qui répondra à des standards mis à jour. Par ailleurs, un organisme pour le contrôle des commissaires aux comptes sera créé, une sorte de haut commissariat composé de commissaires aux comptes, de représentant du CMF et du ministère des finance… ,même si une chambre de discipline existe au niveau de l'ordre mais qui ne jour pas son rôle comme il la faut, explique Sayel. L’autre réforme touchera les mécanismes d'épargne à long termes, comme les CEA dont l’encours devra être sensiblement augmenté. Le CMF travaillera également à impliquer davantage les sociétés d'assurances dans le marché financier, ainsi que la Caisse des dépôts et consignations. Parmi les objectifs, le renforcement des participations étrangères de façon progressive, pour cela il faudra revoir certaines dispositions, comme le décret-loi qui protège le secteur de la distribution et oblige les investisseurs étrangers à des démarches contraignantes pour obtenir l'agrément, ce qui n'a plus de sens à l’heure actuelle, selon Sayeh. Il est aussi question de supprimer le plafonnement des participations étrangères, pour les montées dans le capital des sociétés pour les investisseurs étrangers, actuellement soumises à l'approbation de la Commission Supérieure des Investissements.