La Banque Internationale Arabe de Tunisie (BIAT), en présence de son Directeur Général Mohamed Agrebi, et son partenaire, la Chambre Tuniso-Allemande de l’Industrie et du Commerce (AHK), représentée par son Président Raouf Ben Debba et son DG Martin Henkelmann, ont organisé aujourd'hui, 17 mai 2016, une conférence intitulée «Et pourquoi pas la Bourse ?» sous l’égide de la Bourse des Valeurs Mobilières de Tunis, au siège de cette dernière.
La rencontre entre dans le cadre des efforts de vulgarisation et de diffusion de la culture boursière, et consacrée en grande partie à la présentation des avantages de la Bourse, à savoir l'accès à une source de financement alternative autre que l'endettement et rétablir ainsi l'équilibre financier de leurs bilans, ou alors les avantages fiscaux, comme l'abattement au niveau du taux de l'IS pouvant atteindre 30% et l'exonération des plus values sur les apports réalisés dans le cadre de restructuration de groupe. L'autre avantage consiste à faciliter la transmission d'entreprises en permettant la valorisation du patrimoine, tout ceci va de pair avec l'impact sur la gouvernance, par la prise en compte de l'entrée de nouveaux actionnaires et l'obligation d'informations.
Prenant la parole, le Directeur Général de la BVMT, Bilel Sahnoun a fait le tour des chiffres clés de la place de Tunis, qui compte aujourd'hui 79 sociétés cotées pour une capitalisation Boursière de 20 milliards de dinars, représentant seulement 21% du PIB national et contribuant à hauteur de 10% seulement au financement de l'économie (contre 80% au États Unis et 40% en moyenne en Europe).
Ses proportions deviennent insoutenables selon Bilel Sahnoun, d'abord à cause de l'impact négatif sur la liquidité bancaire, mais aussi parce que le marché tunisien dispose de tous les fondements nécessaires pour émerger, étant notamment organisé selon les standards internationaux. Bilel Sahnoun a rappelé que les introductions en bourse des deux dernières années ont été souscrites entre 4 et 32 fois.
S'en est suivi une brève présentation des fonctions de la Bourse, qui va de la levée de fonds pour les entreprises à confrontation de l'offre et de la demande de titres financiers, en plus de la valorisation des sociétés en fonction de leur situation présente et ses perspectives futures. La présentation a ensuite porté sur la complémentarité Bourse/Banque, ses dernières jouant un rôle central, étant à l'origine de près de 50% des émissions, et font office d'intermédiaire entre émetteurs et investisseurs, outre leur rôle dans la gestion.
La présentation a fait ensuite le tour des autres aspects que l'organisation du marché, les conditions d'accès et les étapes de l'introduction en Bourse et les coûts qui y sont liés, qui peuvent aller de 2 à 5% des montants levés, à indiqué Bilel Sahnoun.
La parole est ensuite passée à Hatem Denguezli, un des deux fondateurs de Land'Or, cotée à la Bourse de Tunis depuis 2013 pour livrer son témoignage quant à l'expérience boursière de Land'Or, qui a commencé lorsque les fondateurs se sont posé la question de la transmission, il n'y a pas mieux que la Bourse pour bâtir une entreprise transgenerationnelle, les grandes multinationales se sont bâties sur 2 ou trois bonnes générations, d'autant plus que la Bourse est un excellent moyen pour s'internationaliser, explique Denguezli.
Le deuxième témoignage est venu de Ibrahim DABBECH, Directeur général d'ENNAKL, pour présenter le parcours boursier de la société qui présente la particularité de la double cotation à Tunis et à Casablanca, ce qui a impliqué d'importants efforts pour se conformer à deux réglementations, notamment au niveau de la comptabilité que la société a dû conformer aux normes IFRS. Outre les fonds levées, la double cotation a permis plus de visibilité au titre et une diversification des actionnaires...Profitant de son allocution, Debbache a déploré le retard enregistré au niveau du rapprochement entre les places de Tunis et de Casablanca, qui était l'objectif de la double cotation d'ENNAKL qui était à l'époque le fruit d'une volonté politique et d'un travail conjoint entre les deux ministères des finances.
Bilel Sahnoun est intervenu pour rappeler que le cas d'ENNAKL est certes resté unique, mais que les autorités boursières avaient envisagé des la fin 2010, d'enchaîner par une opération similaire, en l'occurrence la double cotation de Tunisie Telecom à Tunis et à Paris, opération stoppée par le déclenchement de la révolution. Le directeur général de la BVMT a indiqué que la Bourse traînait aujourd'hui 3 fardeaux, d'abord l'image fausse de la Bourse assimilée souvent à un casino, en plus de quelques ratages dans l'histoire de la Bourse de Tunis, il y a ensuite l'étroitesse et le cloisonnement du marché par la loi de 1994, qui fait que le cercle des acteurs boursiers soient très restreint. Bilel Sahnoun a également annoncé l'organisation par la Bourse de Tunis d'une rencontre entre les intermédiaires en bourse et une soixantaine de groupes non côtés, en présence du ministre des finances pour les convaincre des avantages de l'introduction en Bourse.