La Banque Centrale de Tunisie révise à la baisse le taux de croissance économique attendu pour l’année 2014, de 3,5% à 2,8%.

Le Conseil a passé en revue, au début de ses travaux, les faits saillants de la conjoncture économique internationale qui a été marquée, selon les derniers indicateurs avancés de l’Organisation de Coopération et du Développement Economique (OCDE), par une poursuite de la reprise, graduellement, dans les pays avancés contre une altérité du rythme de la croissance dans les économies des pays émergents. Dans ce contexte, les principales banques centrales ont maintenu leurs politiques monétaires accommodantes afin de soutenir la reprise de l’économie mondiale, alors que les marchés financiers internationaux ont été affectés par les tensions géopolitiques observées récemment.


Sur le plan national, le Conseil a examiné les dernières évolutions de l’activité économique et des indicateurs monétaires et financiers récents, où il a constaté une reprise graduelle de l’activité économique au cours des deux premiers mois de l’année, mais dont le rythme reste, toutefois, en deçà des attentes. Ce qui a abouti à une révision à la baisse du taux de croissance économique attendu pour l’année 2014, ramené de 3,5% à 2,8%, faisant suite à une revue du taux d’accroissement attendu de la valeur ajoutée surtout pour le secteur des industries manufacturières et des services marchands. Le Conseil estime que la situation économique reflétée par ces chiffres, et compte tenu des résultats modestes enregistrés au cours de l’année dernière, demeure loin du niveau requis, à même de répondre aux aspirations du pays en matière de développement, de créations d’emplois et de maîtrise des équilibres financiers globaux, ce qui exige de toutes les parties prenantes une prise de conscience de l’impératif de multiplier les efforts et d’œuvrer conjointement à instaurer de nouvelles orientations adéquates pour libérer l’initiative et développer le potentiel productif de l’économie nationale, afin de relever ces défis.


Concernant le secteur extérieur, le Conseil a noté la poursuite de l’aggravation du déficit courant au cours des deux premiers mois de l’année actuelle pour s’établir à 1,5% du PIB contre 1,2% au cours de la même période de 2013, en relation avec la hausse du déficit commercial suite au ralentissement des exportations, contrastant avec l’accélération des importations. L’aggravation du déficit commercial est attribué principalement à la balance énergétique et à celle des produits alimentaires. Cependant, les avoirs nets en devises demeurent à un niveau acceptable grâce à la mobilisation des ressources extérieures, pour s’établir à 11.475 MTD ou l’équivalent de 103 jours d’importations en date du 25 mars courant, contre 11.219 MTD et 105 jours à la même date en 2013.


S’agissant de l’inflation, l’indice général des prix à la consommation a enregistré au mois de février 2014 un ralentissement de son rythme d’augmentation, atteignant 5,5%, en glissement annuel contre 5,8% le mois passé. Cette tendance est imputable particulièrement à la décélération du rythme d’évolution des prix des produits alimentaires frais et, à un degré moindre, des produits manufacturiers. Il en est de même pour le taux d’inflation de base (hors prix des produits encadrés et frais) qui a évolué dans le même sens, passant de 6,3% en janvier à 6,2% en février 2014.


Pour ce qui est des dernières évolutions monétaires, le Conseil a noté un accroissement des besoins de liquidité des banques au mois de mars courant, amenant la Banque Centrale à intervenir davantage sur le marché monétaire à hauteur d’environ 4.703 MTD, en moyenne quotidienne, au 25 mars contre 4.616 MTD au terme du mois précédent, ce qui a engendré une hausse du taux d’intérêt moyen sur ce marché pour s’établir à 4,72%, au cours de la même période, contre 4,68% au mois de février.


Concernant l’évolution de l’activité du secteur bancaire, le Conseil a signalé une hausse du rythme d’évolution de l’encours des dépôts au cours des deux premiers mois de 2014 (2,2% contre 0,4% un an plus tôt) qui a concerné principalement les comptes à terme, alors que les concours à l’économie ont évolué, au cours de la même période, à un rythme lent par rapport à celui enregistré au cours des deux premiers mois de l’année 2013 (0,8% contre 1%), ce qui illustre la faiblesse de l’effort d’investissement.


Lors de l’analyse des tendances récentes du marché des changes, le Conseil a relevé la poursuite de l’évolution haussière de la valeur du dinar, depuis le début de l’année 2014, vis-à-vis des principales devises étrangères. Ainsi, la parité du dinar a atteint, au 25 mars courant, le niveau de 1,5808 dinar par rapport au dollar américain, soit une augmentation de 4,2%, et de 2,1837 dinars contre l’euro (+3,8%).


A la lumière de l’ensemble de ces évolutions, le Conseil a mis l’accent sur le fait que les perspectives de l’économie nationale, à court terme, requièrent d’œuvrer à l’atténuation des pressions exercées sur les équilibres financiers internes et externes, appelant à consolider tous les efforts afin de promouvoir le climat des affaires, de réunir les conditions propices à la relance de l’activité d’investissement et à accélérer la cadence des réformes structurelles idoines en vue de jeter les bases d’une économie solide et équilibrée, et a décidé de maintenir inchangé le taux d’intérêt directeur de la Banque Centrale.

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