Standard & Poor’s confirme les notes en devise étrangère
"BBB/A-3" et en monnaie locale "A/A-1" attribuées à la République de Tunisie. La
perspective est stable.
Les notes d’investissement de la Tunisie continuent de
refléter l’engagement des autorités à conduire une politique macro-économique
prudente et à poursuivre leur effort de réformes structurelles. Cellesci ont
permis de soutenir un taux de croissance annuel moyen du PIB de 5% environ au
cours de la dernière décennie ; et de maintenir le déficit primaire du pays à un
niveau modéré, inférieur à 1% du PIB. Grâce à cette performance et à des
recettes de privatisation élevées, notamment celles issues de la cession de
Tunisie Télécom (pour 2.3 milliards de US$), le gouvernement a réduit son niveau
d’endettement, qui devrait s’élever à 50% du PIB à fin 2007, contre 56% à fin
2005.
En parallèle, et malgré l’impact négatif de la hausse de
prix du pétrole sur la balance commerciale en 2006, la balance des transactions
courantes a maintenu une position de déficit modéré équivalent à 2% du PIB en
moyenne au cours des cinq dernières années. Ces résultats, dans un contexte
d’investissement extérieur soutenu et de croissance, ont contribué à réduire de
moitié le ratio de la dette extérieure nette rapportée au PIB entre 2003 et 2007
: celui-ci est estimé à 25% à fin 2007, contre 50% en 2003. Si ces deux ratios
demeurent plus élevés que ceux de la médiane des souverains notés « BBB » (34%
du PIB pour la dette du gouvernement et 9% du PIB pour la dette extérieure
nette), la tendance baissière claire est un facteur positif pour les notes de la
Tunisie.
Néanmoins, la Tunisie est en position moins favorable par
rapport aux pays au même niveau de note au regard de l’avancée du processus de
libéralisation politique. Le Président Ben Ali est au pouvoir depuis 1987, et
pourrait se présenter pour un cinquième mandat en 2009. Si la stabilité
politique et sociale du pays est forte, le pouvoir exécutif reste centralisé et
le parti du Rassemblement Constitutionnel Démocratique continue de dominer le
paysage politique tunisien. La structure économique de la Tunisie est également
un facteur moins favorable comparé à de nombreux pays similairement notés, avec
un PIB par habitant estimé à 3,225 dollars en 2007, soit moins de la moitié de
celui de la médiane des pays notés BBB (7,530 dollars). Cet écart est moins
important quand la richesse est mesurée en parité de pouvoir d’achat.
La Tunisie a fait d’importantes avancées en matière de
réforme du système monétaire et d’ouverture du compte de capital, avec la
transition graduelle vers une politique de ciblage d’inflation accompagnée d’une
plus grande flexibilité du taux de change. Néanmoins, les autorités doivent
s’atteler aux rigidités du marché du travail et à l‘amélioration de
l’environnement des affaires, pour faire face aux défis posés par le
renforcement de la compétition internationale et la libéralisation des échanges
européens. Les mesures introduites récemment, comme la possibilité pour les
banques de déduire les provisions pour créances douteuses du revenu imposable ou
l’interdiction de versement des dividendes jusqu’à ce que 70% des créances
douteuses soient provisionnées, devraient à terme permettre d’améliorer la
solvabilité du système bancaire. D’ici là, le système bancaire tunisien reste
plus fragile que celui d’une majorité de pays notés en catégorie
d’investissement.
Perspective : Stable
La perspective est stable. Standard & Poor’s s’attend à ce
que les autorités tunisiennes poursuivent leur effort de réforme, et qu’elles
continuent de mener une politique financière et monétaire prudente.
Une réduction continue de la dette publique, associée à une
amélioration significative de la solvabilité du système bancaire et une
croissance économique qui permette de faire tendre le niveau de revenu par
habitant moyen vers celui de la médiane des pays notés BBB, seront des éléments
clés pour soutenir une évolution positive des notes à moyen terme.
En revanche, un dérapage des réformes qui aurait des
répercussions négatives sur la croissance, le climat des affaires, les
performances budgétaires et le niveau d’endettement, est susceptible d’exercer
des pressions à la baisse sur la notation.
S&P (Paris : 8 mars 2007)
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