Mena - Guerre en Ukraine : La Banque Mondiale prête à soutenir la région face aux impacts potentiellement "violents" du conflit (Farid Belhaj)

Dans une tribune publiée au journal Asharq, le vice-président de la Banque Mondiale pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, Farid Belhaj s'est exprimé sur les conséquences de la guerre en Ukraine et ses effets sur la région, effets qui pourrait être "violents" à des degrés différents, selon ses propos. 
 
Certains pays de la région MENA sont en effet commercialement proches de la Russie et de l'Ukraine, et sont exposées à des risques sur leur sécurité alimentaire, et leur approvisionnement, une situation qui vient s'ajouter aux impacts de la crise COVID-19.
 
Il y a cinq créneaux principaux par lesquels le conflit peut toucher les pays de la région, à commencer par le choc de la hausse des prix des denrées alimentaires, en l'occurrence le blé. 
 
Des pays comme la Tunisie, le Liban et le Yemen sont fortement dépendants de leurs importations d'Ukraine et de la Russie, notamment pour les céréales. Le Liban à titre d'exemple importe 90% de ses besoins en céréales des deux pays en conflit, les réserves du pays ne couvrent actuellement qu'un mois environ.  Les coûts de production locaux devraient pâtir de la hausse des prix internationaux. Farid Belhaj s'inquiète par ailleurs de la situation des petits cultivateurs dont une partie des faibles revenus pourrait être compromise. 
 
La hausse des prix du pétrole et du gaz constitue aussi un danger pour certains pays non exportateurs, avec l'accentuation des tensions sociales qui s'en suivrait. 
 
Par contre, les pays producteurs d'hydrocarbures, dont l'Algérie et la Lybie, pourraient bénéficier d'une hausse de leurs revenus et d'une amélioration de leurs balances des paiements, surtout avec l'éventuelle hausse de la demande provenant d'Europe. Le vieux continent a en effet affiché sa volonté de diversifier ses sources d'approvisionnement en énergie.
 
La région peut également être affectée par la réticence des investisseurs étrangers, les impacts sur les transferts de la diaspora et le tourisme.
 
Les transferts des résidents à l'étranger  ne compenseront que partiellement les effets de la hausse des prix des hydrocarbures, selon Belhaj, qui cite l'exemple de l'Egypte et de la Jordanie. 
 
Au niveau du secteur touristique, les pays avec une grande proportion de visiteurs russes et ukrainiens devraient subir des effets sensibles sur le secteur, avec ce qui s'en suit comme conséquences sur le marché du travail et la balance des paiement. 
 
Farid Belhaj a fait remarquer que certains  pays du Moyen-Orient ont besoin d'une consolidation des aides humanitaires qu'ils reçoivent. La région ne représente certes que 6% de la population mondiale, mais affiche plus de 20% des habitants dont la sécurité alimentaire est fortement en danger.
 
La Banque Mondiale est disposée à apporter son soutien avec tous les moyens dont elle dispose  au pays confrontés aux effets de la guerre en Ukraine. Les actions de l'organisation en  Tunisie, au Maroc et en Egypte peuvent jouer un rôle prépondérant dans la préservation des équilibres financiers de ces pays.
 
A court terme, Farid Belhaj a indiqué que la Banque Mondiale est prête à élargir ses programmes dédiés à la sécurité sociale, principalement orientés vers l'alimentation. 
 
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