La
réunion qui s’est tenue lundi 27 janvier 2003 au siège de TUNISAIR
entre les analystes financiers et le PDG de la Compagnie, M. Rafâa DKHIL, a
permis à ce dernier de confirmer les informations publiées récemment par un
journal de la place sur les résultats encore une fois négatifs de la société
et ses perspectives alarmantes, sans pour autant présenter les détails de
l’indispensable plan de restructuration, annoncé depuis deux ans déjà mais
encore au stade de négociation.
En
effet, M. DKHIL a précisé que l’intensification de la concurrence, la
conjoncture défavorable, la lourdeur des charges fixes et financières et la dégradation
des principaux ratios d’exploitation, font que l’année 2002 s’est soldée
par un déficit avoisinant 70MD, ce qui portera le cumul des pertes de la
compagnie sur les trois derniers exercices à 160, voire 170MD. Pire encore,
selon des simulations effectuées par TUNISAIR,
un déficit cumulé additionnel de 200 MD est prévu d’ici 2006, ce qui
totaliserait des pertes cumulées atteignant 5 fois le capital de la société.
Un tel scénario se base pourtant sur des hypothèses plutôt optimistes de 12%
de croissance du nombre de passagers en 2003 et de 3,3% à partir de 2004. On
imagine les projections du scénario tenant compte de la survenance d’une
nouvelle guerre en Irak !
Il
est clair donc que, dans de telles conditions, la pérennité du transporteur
national soit sérieusement compromise si des actions d’assainissement
urgentes ne sont pas appliquées. Le Président-Directeur Général a, à ce
propos, longuement insisté sur la nécessité de mettre en œuvre un plan de
restructuration global intégrant l’ensemble des parties prenantes de
l’entreprise (État, personnel, banques…), plan dont la teneur est
d’ailleurs attendue par la place financière depuis deux ans et qui ne dépasse
toujours pas le stade des négociations. M. DKHIL a affirmé que ces dernières
devraient être achevées d’ici un mois et qu’il sera en mesure à ce
moment-là d’annoncer l’ensemble des axes de ce programme de restructuration
et, surtout, d’en présenter les principales économies de coûts attendues et
les profits à en tirer.
Sans
l’attente de davantage de détails, le PDG de la compagnie a brossé les
grandes lignes du plan d’assainissement proposé qui s’inspire d’ailleurs
de ce qui a été fait par les autres compagnies aériennes dans le monde ayant
traversé les mêmes difficultés que TUNISAIR.
Ainsi, ce programme s’articulerait autour des axes suivants :
1-
restructuration des ressources humaines (la compagnie souffre d’un très
faible taux d’encadrement inférieur à 5% et d’une pléthore de personnel
avec 240 agents par avion contre un maximum de 150 pour la concurrence), en
s’orientant vers l’externalisation et la sous-traitance de certaines activités ;
2-
compression draconienne des coûts ;
3-
amélioration des ratios financiers en recourant à des meilleures
techniques de recouvrement, au hedging (mécanismes de couverture) contre les
fluctuations de cours des devises et du pétrole, à l’assurance contre les
risques de guerre, à la restructuration du portefeuille-titres et du patrimoine
foncier ;
4-
amélioration de la rentabilité des lignes.
Enfin,
M. DKHIL a rappelé que l’activité commerciale faisait également l’objet
d’une étude stratégique, elle-même annoncée depuis un an et dont les résultats
seraient connus au printemps. Les bonnes nouvelles viendraient du côté
technique puisque la Compagnie a fini par obtenir sa certification JAR 145
relative à la qualité et la sécurité de sa flotte et ses services
techniques. Cette certification devrait permettre de nouveaux partenariats
techniques à la Compagnie et améliorer son image à l’international, auprès
des autres compagnies aériennes. L’obtention de cette norme internationale a
été également l’occasion pour les autorités, en la personne du Ministre
des technologies de la communication et du transport, de réitérer leur soutien
à TUNISAIR
et de souligner leur volonté de maintenir l’engagement de l’État dans la
compagnie publique.
Interrogé
par les analystes présents sur la possibilité d’une éventuelle intervention
de la société sur ses propres titres en Bourse afin d’en limiter la dégringolade,
le PDG a expliqué la difficulté d’une telle action en raison du manque de
liquidité dont souffre la compagnie, même si elle continue à honorer ses
engagements financiers, la décision de demander l’échelonnement de ses
dettes n’étant pas prévue pour le moment. M. DKHIL a par ailleurs souligné
sa préférence pour un plan de restructuration global face aux problèmes
structurels de TUNISAIR
plutôt que des actions ponctuelles à court terme. Il a également précisé
que l’opération de privatisation de l’UIB
a généré près de 16 MD de plus-value de cession pour la compagnie et que le
programme de cession d’autres valeurs non directement liées à l’activité
de transport aérien sera poursuivi. Pour les activités annexes telles que le
catering ou la maintenance, la tendance est vers la constitution d’un Groupe TUNISAIR
avec des sociétés dont la compagnie restera majoritaire face à d’autres
actionnaires. Le PDG a par ailleurs annoncé que, compte tenu des difficultés,
le budget d’investissement en nouveaux avions initialement prévu a été
comprimé en passant d’une enveloppe de 220 à 80 MD.
Les
analystes présents à la réunion ont, lors de leurs interventions, largement
insisté sur la nécessité d’annoncer les détails du plan de restructuration
de la compagnie et surtout de commencer à appliquer les mesures prévues. Il
est clair que la place est parfaitement consciente de la situation difficile,
voire alarmante, de TUNISAIR
qu’elle a déjà intégrée dans le niveau actuel du cours et, surtout, que
l’indispensable assainissement tarde à venir. Les perspectives d’avenir ne
sont toujours pas claires en l’absence d’un plan de restructuration quantifié
et réalisé en toute rigueur et transparence. Promis pour dans un mois, ce plan
retient déjà l’attention de toute la place dans l’attente de son annonce.
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