Dans sa revue du mois d'octobre 2015, l'intermédiaire en Bourse publie une note de recommandation consacrée à la Banque de Tunisie, BT, titrée "Entre rigueur et croissance", et maintient sa recommandation «conserver avec perspectives positives sur le titre», compte tenu des niveau de valorisation qui demeure élevé par rapport à la moyenne du marché bancaire, la banque traite à un P/B2015e de 2.2x. Tunisie Valeurs souligne parallèlement, La nouvelle dynamique envisagée par la banque pourrait justifier cet upside...en retour, de bons résultats et des niveaux de valorisation plus attrayants pour le futur.
Du haut de ses 1.6 milliards de Dinars de capitalisation, la doyenne du secteur cherche un équilibre entre une gestion prudente et une politique commerciale plus audacieuse. Si la banque a réussi à imposer sa rigueur comme exemple, elle est cependant restée plutôt timide au niveau de sa croissance, fait remarquer l'intermédiaire en Bourse, ajoutant qu'aujourd’hui la banque prend conscience de son potentiel, encore sous exploité, et se veut plus agressive sur le marché.
Fondée en 1884 la Banque de Tunisie est la plus ancienne banque du pays. « Vieille Dame du secteur », la BT est depuis longtemps une référence en termes de rigueur et de qualité de portefeuille sur le marché, selon Tunisie Valeurs. Une gestion du risque qui marque son apogée en 2013. Alors que les provisions additionnelles sur la circulaire 2013 du secteur culminent à plus de 800MDT, la BT s’en sort sans aucun dommage : unique banque à ne constater aucune provision supplémentaire!
Mais cette rigueur a un prix : une croissance timide de l’activité et des parts de marché qui stagnent, en bas de tableau. Face à un environnement très agressif, la banque a décidé de presser le pas et de dynamiser sa croissance. Une prise de risque supplémentaire qui devrait, à priori, être bien maitrisée grâce à une assise financière très confortable et une culture de risque bien ancrée dans la maison.
Sur les 4 dernières années, la BT a enregistré une croissance moyenne de 6.8% de ses dépôts, inférieure à l’évolution globale du secteur de 7.7% par an.
Avec un total dépôt de 2 922MDt, la banque est peu active dans le paysage bancaire tunisien, référencié comme une banque « discrète » peu concurrente aux autres banques privées telles que la BIAT, Attijari Bank ou encore Amen Bank, qui affichent des niveaux de dépôts bien plus importants entre 4 500MDt et 7 500MDt. Avec une collecte moyenne de 126MDt par an, la BT se classe en bas de tableau avec une part de marché de 6.5% à fin mars 2015.
La structure de la collecte de la banque est équilibrée entre les différentes maturités, luire permettant d’afficher un coût de ressources en ligne avec la moyenne sectorielle (3.8%).
Depuis deux ans, la banque a amorcé une stratégie commerciale plus agressive, affichant des niveaux de croissance des dépôts plus importants que par le passé (un TCAM de +9.5%). Une stratégie qui devrait se poursuivre sur les prochaines années et qui sera axée sur une croissance du réseau commercial (le management table sur l’ouverture de 7 nouvelles agences en 2015), mais également sur une offre plus compétitive, qui devrait inévitablement être accompagnée par une hausse du coût des ressources. Ainsi, la BT devrait enregistrer, selon nos prévisions, une croissance de 10% par an des dépôts pour atteindre 3 536MDt en 2016.
Tunsie Valeurs rappelle que de la BT a de tout temps privilégié la prudence à la croissance (un TCAM des crédits de 3.8% par an sur les 4 dernières années). Une culture qui affecte son positionnement dans le secteur. Devancée par des banques plus « bagarreuses » telles que Attijajri Bank et UIB, la BT perd, sur les 5 dernières années, 3 places dans le classement, enregistrant une part de marché crédits de 7% à fin mars 2015.
Aujourd’hui la banque prend conscience de l’enjeu concurrentiel, et se doit d’être plus agressive. Sa stratégie sera autant axée sur les PME, que les Grandes Entreprises, et devrait, selon nos estimations, afficher sur les deux prochaines années, une croissance moyenne des crédits de 6% à 3 607MDt.
Produit Net Bancaire et perspectives
En 2014, et pour contrebalancer le ralentissement de la marge d’intérêt (+4%), la banque a centré ses efforts sur l’amélioration des revenus de placement (+29%) et de commissions (+9%), lui permettant de maintenir une croissance satisfaisante de son PNB à 9%. Ainsi, le poids de la marge d’intérêt a diminué dans la structure du PNB, passant de 64% en 2010 à 59% en 2014.
Pour ce qui est des perspectives futures, les revenus d’intérêt continueront à peser pour l’essentiel du PNB de la banque. La stratégie plus agressive de la banque pourrait, de ce fait, pénaliser sa marge d’intérêt et à fortiori la croissance de son PNB. Ainsi, et en préservant une politique de placement dynamique, la banque devrait, selon les prévisions de Tunisie Valeurs, afficher une croissance moyenne de 7% de son PNB, légèrement en dessous de son trend historique.
Réputée pour sa gestion rigoureuse, la banque a toutefois vu sa productivité se dégrader depuis 2011 (augmentation des charges sociales, extension du réseau), enregistrant un coefficient d’exploitation de 34% en 2014 (contre un taux de 29% en 2010). Une productivité en baisse, mais qui se maintient à des niveaux très corrects, toujours inférieurs à la moyenne sectorielle (un taux moyen de 50%). Sur les prochaines années, et compte tenu du programme d’extension du réseau, le coefficient d’exploitation devrait, selon les estimations de Tunisie Valeurs, se stabiliser aux alentours de 35%. Des niveaux plus que conformes aux standards internationaux de l’industrie !
Malgré une politique de risque très prudente, la BT n’a pas échappé à la dégradation de la qualité de son portefeuille depuis 2011. En effet, la banque est fortement exposée au secteur hôtelier. Un secteur, des plus sinistrés depuis la révolution, et qui représente, selon le management, environ 45% du total des créances classées de la banque. Les créances classées ont progressé 3x plus vite que le total des encours, ramenant le taux de créances classées 2014 de la banque à 7.9%, contre un taux de 5.4% en 2010. Des niveaux qui restent toutefois très satisfaisants.
Comportement boursier :
Deuxième plus importante capitalisation du marché, la BT a affiché un parcours boursier timide de +2% depuis le début l‘année. Aujourd’hui, la banque traite à un P/B2015e 2.2x et un PER2015e de 17.3x, une valorisation qui demeure élevée par rapport à la moyenne sectorielle. La stratégie de croissance plus dynamique devrait avoir un réel impact sur les bénéfices à long terme... La banque aura alors gagné son pari : une croissance des parts de marché, une gestion du risque optimisée et une amélioration de la rentabilité.
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