A la lecture des indicateurs d'activité du secteur bancaire à fin 2014, le produit net bancaire des onze banques cotées à la Bourse de Tunis, a atteint un total de 2608,5 MD, représentant une progression de 7,88% comparé au total de l’exercice 2013. Banque de l'Habitat (BH) affiche la plus forte hausse sur l’année, soit 17,76%, devant la BIAT avec 10,60% et Banque de Tunisie, +9,23%. La BIAT continue de détenir le plus fort PNB de la place à 487,1 MD, loin devant la BNA qui a dégagé un produit net bancaire de 344 MD.
L'encours des dépôts s'est inscrit en hausse de 6,64%, comparativement à l'exercice 2013, passant de 42 624 à 45 455 MD. A l'exception de l'ATB et la BTE, toutes les banques de la place ont enregistré des progressions de leurs collectes, allant de 3,10% pour la STB, à 13,53% pour la BH, qui signe la plus forte croissance. BIAT garde la plus grosse part de marché à 16,52%.
L’activité de crédit à enregistré une hausse globale de 7,76% entre 2013 et 214, passant de 44 000 à 47 416 MD, la palme revient à l'ATB dont l’encours a dépassé de 17,18% son niveau en 2013. BNA garde le leadership parmi les banques cotées, avec une part de marché de 14,54%, correspondant à 6 896,4 MD.
Les performances commerciales des banques tunisiennes continuent donc de s’améliorer au niveau des soldes d’opérations bancaires. Ce constat est toujours édifiant pour le cas tunisien et ne tient vraiment qu’à la tenue de marge d’intérêts confortables qui demeurent largement positives, dépassant les 300 points. La plupart des banques courent derrière les dépôts à vues non rémunérés. Cela dit, les fondamentaux eux restent toujours vulnérables. En passant du PNB au Résultat d’Exploitation, les banques laissent toujours des plumes.
La Banque Centrale de Tunisie - BCT - qui veille sur le respect des règles prudentielles les poussent chaque année à nettoyer leurs créances classées héritées de la mauvaise gestion des années passées, et à accélérer la cadence de recouvrement. Les dernières mesures de la BCT tombant en fin d’année exigeaient davantage de provisions de type générales ou complémentaire pour éradiquer ce problème qui continue de peser lourdement sur les bilans des banques tunisiennes. Le prix diffère d’une banque à l’autre. La STB en a fait les frais l’année dernière se trouvant avec un déficit record de plusieurs centaines de millions, mettant la continuité d’exploitation en péril. Un pouvoir disciplinaire coercitif qui vient, donc, rappeler que l’aléa moral n’est plus d’actualité au risque de voir les cours dégringoler comme pour la majorité des banques publiques entre 2013 et 2014.
La BCT dont le rôle est de veiller sur la stabilité du système financier et bancaire, est en train d’injecter quotidiennement des enveloppes de liquidité colossales pour huiler le moteur de l’économie. La Banque Mondiale qui vient d’alerter le pouvoir public sur les retombées néfastes du resserrement des crédits à l’économie et la faible part des ressources orientées aux nouveaux promoteurs et aux projets de PME devrait coordonner avec le FMI pour proposer des mesures cohérentes à la Tunisie.
Par ailleurs, le rôle du commissaire aux comptes devient apparent après la révolution, puisqu’on commence à étaler les carences devant les actionnaires et divulguer les insuffisances en matière d’audit et de contrôle. Ainsi, on a vu les commissaires aux comptes dénoncer des prestations informatiques exorbitantes, l’absence de conventions signées, l’absence d’inventaire physique ou des états financiers des filiales, la non-justification de certains soldes, le non rapprochement d’autres, le dérapage dans les ratios de liquidité et de solvabilité etc. Il est fini le temps où le commissaire aux comptes fait l’éloge de la direction générale en pleine Assemblée Générale. Par souci d’honnêteté intellectuelle, le CAC rapportera toute anomalie qui lui est révélée au cours de son audit devant l’assemblée des actionnaires. Les opinions avec réserves qui se sont multipliées soudainement après la révolution devront amener à une prise de conscience accrue de la responsabilité des comités permanents d’audit pour s’autoréguler. Désormais, le PDG n’a plus le pouvoir de décider tout seul.
Il serait difficile de ne pas signaler les abandons de créance jadis édictés par les gouverneurs de la BCT au profit de certains groupes ou l’octroi de crédits sans garanties suffisantes en faveur des parties liées. Pour cela, les banques tunisiennes doivent s’émanciper des groupes industriels privés et éviter la cristallisation de noyaux durs à intérêts privés. D’où la recommandation de la Banque Mondiale de réduire la main mise de certaines familles sur le secteur bancaire tunisien.
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