Le Ministre des Finances, M. Rachid Kechiche a répondu aux questions de notre confrère Leaders.com sur la situation de l'économie tunisienne et sa réaction face à la crise.
Evoquant l’inflation de 5% enregistrée en 2008, il a rappelé toutes les mesures prises pour la juguler, soulignant que « l’intervention du Budget de l’Etat en matière de compensation des produits de base a été multipliée par presque 5 fois comparée à son niveau de 2005, soit en 3 ans. » Aussi, a-t-il ajouté « le pouvoir d’achat des diverses couches sociales du pays n’a jamais été entamé ».
Pour le ministre, difficile d'affirmer avec certitude si la crise est derrière nous, malgré des signes incontestables de reprise chez les principaux partenaires économiques de la Tunisie, qui restent toutefois timide. M.Kechiche souligne la prudence qui caractérise encore les discours du FMI et les autres organismes de prévision. Les efforts pour la relance resteront d'actualité tant que la reprise économique ne sera pas bien enclenchée et qu’on n’observera pas une diminution du chômage à-t-il indiqué.
Face aux éléments positifs qui se manifestent, certains économistes pessimistes avancent la montée du chômage, du déficit public, de l’inflation et la fin de certaines mesures de soutien direct au revenu, autant de raisons de s'inquiéter sur la demande avec des prévisions de repli pour la consommation des ménages pour 2010.
Pour en revenir à la Tunisie, M.Kechiche s'est félicité du taux de croissance de 3 % à prix constant en 2009 et 4% toujours à prix constant en 2010 alors que notre principal partenaire, la Zone Euro avec laquelle se font 70 % de nos échanges, affiche des taux de croissance négatifs de l’ordre de – 4 % en 2009 et peut être une stabilité en 2010, ce qui autorise un certan optimisme tout en restant vigilant.
A la question sur un éventuel retour de l'inflation, M.Kechiche a rappelé que deux crises majeures se sont succédé avec de fortes pressions inflationnistes, notamment l’envolée des prix du pétrole amorcée depuis 2004 suivie en 2008 par celle des prix des produits de base et notamment les céréales, en dépit desquelles la Tunisie a réussi à maitriser l'inflation.
\L’année 2008, où le niveau de l’inflation a atteint 5 % est, aussi paradoxal que cela puisse paraître à première vue, une année où les autorités ont engagé toutes les forces dans la bataille pour circonscrire les effets dévastateurs de cette folle spirale, des prix internationaux sur des produits dont une part très importante de nos besoins est importée. Regardez dans les pays à économie comparable, quels ont été les niveaux d’inflation enregistrés, regardez aussi le Budget de l’Etat et vous pouvez mesurer l’importance de l’effort de subvention pour maîtriser l’inflation. Un seul indicateur suffit à illustrer mes propos, la compensation des produits de base surtout le blé et dérivés est passé de 247 MD en 2005 à 668 MD en 2007 et à 1180 MD en 2008, c'est-à-dire que l’intervention du Budget de l’Etat en matière de compensation des produits de base a été multipliée par presque 5 fois comparée à son niveau de 2005, soit en 3 ans. En 2009, nous sommes revenus à des niveaux nettement en deçà de ce qui a été vécu et subi en 2008, à la faveur, dois-je le rappeler encore une fois, d’un effort de compensation qui continue\.
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