La condition principale du FMI pour continuer à financer l’économie Tunisienne

Des sources proches du gouvernement Tunisien ont indiqué que le Fonds Monétaire International (FMI) a menacé de ne pas débloquer les prochaines tranches du prêt de 2,8 milliards $ si le gouvernement prévoit des hausses de salaires de la fonction publique dans le budget 2017. Le gouvernement a, constitutionnellement, jusqu’au 15 octobre pour déposer devant l’ARP (parlement) son projet de loi de finances 2017.

En outre, les autres institutions internationales multilatérales (Banque Mondiale, BAD, etc.) ont informé le gouvernement qu’elles n’allaient plus débloquer de nouveaux crédits à la Tunisie, si le FMI arrête de le faire. Ainsi, 1.000 millions $ de financement alloués au pays par la Banque mondiale et la BAD sont en instance de déboursement et risquent de ne pas atterrir dans les caisses de l’Etat si la Tunisie ne respecte pas ses engagements vis-à-vis du FMI de ne pas augmenter le ratio des salaires dans le secteur public par rapport au budget et par rapport au PIB (plus de 14% actuellement). Il est à signaler qu’il y’a quelques mois, la Banque mondiale n’avait débloqué un prêt au profit de la Tunisie que sur insistance des Etats Unis et contre l’avis de plusieurs fonctionnaires de la Banque, en charge du dossier Tunisien. Les Etats Unis avaient aussi garanti la dernière sortie de la Tunisie sur le marché international pour un montant global de 500 millions $.

Sachant que le déficit budgétaire risque de monter à 6.500 millions DT d’ici fin 2016, et si les institutions internationales arrêtent d’alimenter les caisses de l’Etat, la Tunisie pourrait être amenée à emprunter sur le marché international à des taux exorbitants de 13 ou 14% contre des financements des institutions multilatérales de moins de 2% généralement. Il est à signaler, que la Grèce a emprunté à 18% sur les marchés internationaux il y’a plus de deux ans avec les conséquences économiques et sociales que l’on sait. D’ailleurs, de plus en plus d’observateurs commencent à évoquer le « scénario Grec » pour parler de la situation économique et des finances publiques de la Tunisie si on ne commence pas à inverser réellement la tendance avec toutefois une nuance énorme à faire : l’endettement de la Grèce a atteint les 176% du PIB en 2015 contre « seulement » environ 62% pour la Tunisie actuellement, outre les dettes des entreprises publiques.

Pour faire face à cette situation très délicate (certains responsables parlent même « d’Etat au bord de la faillite » !), le gouvernement n’a pas beaucoup de marge de manœuvre : soit il reporte les augmentations convenues avec l’UGTT dans le secteur public, soit il doit chercher d’autres sources de financement que le FMI et les autres institutions internationales (qui s’alignent toujours sur les positions du Fonds).

Outre « une guerre déclarée » contre l’économie parallèle, d’autres pistes « douloureuses » sont évoquées par des proches du gouvernement : possibilités de privatisations d’entreprises publiques, de licenciements dans le secteur public, etc. Ce qui est sûr, c’est que le gouvernement compte attaquer de front les professions libérales pour les pousser à s’acquitter de leurs « devoirs fiscaux » envers le pays.

Naoufel Ben Rayana 

© Copyright Tustex